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L'affaire Rosenberg, 50 ans plus tard : un assassinat politique 
C'est sans aucun réel motif, autre que leur engagement communiste, que 
les époux Rosenberg, Ethel (1915) et Julius (1918) ont été exécutés.
Le 19 juin 1953, 
l'opinion mondiale était traumatisée par l'annonce de l'exécution sur la chaise 
électrique de 
Sing Sing 
des époux Rosenberg. 
Ils laissaient deux orphelins : Michael, 12 ans et Robert, 8 ans.
La nouvelle "Affaire Dreyfus", comme on l'appelait alors, était 
abondamment commentée dans tous les pays. 
De quoi s'agissait-il ? Ethel et 
Julius Rosenberg avaient été condamnés à mort le 5 avril 1951. 
Motif : vol du secret de la bombe atomique en 1945 au profit de l'URSS. 
Tous leurs pourvois furent rejetés et les présidents Truman puis Eisenhower 
refusèrent la grâce. 
L'accusation reposait sur un unique témoignage, 
celui du frère d'Ethel, David Greenglass, arrêté le 15 juin 1950 et de son épouse Ruth. 
Celui-ci avait travaillé de 1944 à 1946 comme mécanicien dans l'un des ateliers de Los 
Alamos, où se fabriquait la bombe A. 
D'après sa déposition, lui, qui 
n'avait aucune formation scientifique, aurait dessiné de mémoire "une coupe 
de la bombe atomique" et "rédigé un texte de douze pages pour en expliquer le 
fonctionnement". 
Le tout aurait été remis aux Rosenberg et Ethel aurait 
tapé le texte à la machine. 
C'est donc uniquement au hasard de quelques 
conversations, sans jamais avoir pu disposer de documents, ni pris aucune 
note, que Greenglass se dit en possession d'une "assez bonne description de la 
bombe atomique" et qu'il a pu en dessiner le schéma pour le remettre à 
Julius Rosenberg. 
Un dossier vide :
En dehors de cette affirmation abracadabrante, le 
dossier était vide. 
L'accusation avait cité 118 témoins, comprenant les 
savants et les militaires qui avaient dirigé les travaux de fabrication de 
la première bombe atomique étasunienne. 
Aucun d'entre eux ne figurera 
parmi les 23 témoins qui comparaissent à la barre et dont cinq seulement 
connaissent les Rosenberg. Ils ne seront que deux, David Greenglass et son 
épouse, à les accuser directement. 
On comprend pourquoi l'accusation a 
préféré ne pas faire venir les savants, cités au départ, tels qu'Oppenheimer 
ou Urey, ce même Urey qui avait déclaré en 1946 au New York Times : 
"Des données détaillées sur la bombe atomique [...] demanderaient 80 à 
90 volumes imprimés serrés, 
et que seul un scientifique ou un ingénieur 
serait capable de lire." 
Ce n'était pas le cas de Greenglass qui n'avait 
fait que des études secondaires moyennes et avait reconnu, au cours du 
procès, avoir quelques difficultés avec l'orthographe... 
Mais on est en pleine guerre froide, le sénateur Mac Carthy anime une violente campagne 
anticommuniste et il est essentiel que la "chasse aux sorcières" soit 
rentable. Les Rosenberg se présentaient comme "progressistes" et pouvaient 
être catalogués comme communistes, donc espions au service du Kremlin. 
Les deux seules "pièces à conviction" produites lors du procès ont été 
un tronc pour la collecte de fonds au profit des enfants des républicains 
espagnols, trouvé dans leur appartement, et une liste de pétition en faveur 
d'un candidat communiste (d'ailleurs élu) au conseil municipal de New York : 
cette liste comprenait 50 000 signatures, dont celle d'Ethel Rosenberg. Elle 
datait de 1941... 
L'affaire Rosenberg devait faire grand bruit en dehors 
des USA. 
Le PCF hésita un peu avant de s'en emparer : ce n'est qu'après les 
prises de position de Jean-Paul Sartre, du Monde et de quelques autres que 
l'Huma en parla pour stigmatiser "l'impérialisme américain". 
Ensuite, ce fut un véritable déferlement : François Mauriac, le Pape, l'Eglise réformée, 
etc. 
Des "comités pour la défense des Rosenberg" furent créés et de nombreux 
pays furent touchés 
(Italie, Belgique Grande-Bretagne, etc). 
Seules deux grandes nations restèrent discrètes : 
les Etats-Unis, où le mouvement 
ouvrier demeura singulièrement indifférent, et l'URSS, 
où l'on n'en parla 
qu'au moment de l'exécution des condamnés. 
Les Rosenberg refusèrent toujours de reconnaître aucun des faits qui leur étaient reprochés et 
déclarèrent préférer la mort à des confessions mensongères. Cette 
attitude courageuse leur valut l'admiration des milieux les plus divers. 
On dispose maintenant de nombreux éléments permettant de confirmer le 
vide de l'accusation, mais en même temps de nuancer certaines certitudes des 
défenseurs : 
Le 5 décembre 2001, David Greenglass a finalement "avoué" au 
cours d’une émission de 60 minutes sur la chaîne de télévision CBS qu'il 
avait produit un faux témoignage contre sa soeur Ethel après avoir passé un 
accord avec l'assistant du Procureur.
"Je ne pouvais pas imaginer qu'ils les condamneraient à mort ", a-t-il affirmé. 
Il reconnaît avoir transmis des 
renseignements sur les recherches nucléaires et les détonateurs de bombe A. 
Il n'aimait pas son beau-frère et l'a accusé pour se couvrir. Ça a bien 
marché puisque, après avoir accompli ses quinze ans de prison, il vit 
tranquillement à New York sous un nom d'emprunt. C’est sur son faux 
témoignage que l’accusation se basa principalement pour condamner à mort Ethel 
et Julius. 
Un livre vient d'ailleurs de paraître sur cette triste 
histoire : 
The Brother, 
de Sam Roberts (voir couverture) : 
ISBN : 0-375-76124-1 (format de poche)
éditeur : Random House / 
Sam Roberts / 
article / 
buy on line
édition originale : 560 pages, ISBN : 0-375-50013-8 
 
Cependant, dès 1994, on 
savait à quoi s'en tenir sur la prétendue transmission du secret atomique par 
les Rosenberg, en lisant les mémoires du "maître-espion" de Staline, Pavel 
Soudoplatov. Celui-ci revendique hautement ses actions : par exemple 
l'organisation de l'assassinat de Trotsky. En revanche, quand il n'y est 
pour rien il le déclare également : par exemple la mort à Paris du fils de 
Trotsky, Léon Sédov. 
Or, il est plus que réservé sur les Rosenberg. 
D'après lui, ils avaient été recrutés en 1938 mais ne furent que des 
"comparses". 
Greenglass fut coincé après avoir reçu la visite d'un autre 
agent démasqué peu après. 
Pour Soudoplatov, les Rosenberg étaient "un 
couple naïf, coupable d'excès de zèle dans son désir de coopérer avec nous, 
mais qui ne nous avait jamais révélé aucun secret dont nous puissions tirer 
parti." 
Il ressort de tout cela que si les accusations concernant les 
secrets atomiques étaient montées de toute pièce, celles d'appartenir à un 
réseau soviétique ne reposaient pas sur rien... En fait les dirigeants 
américains devaient savoir tout cela car, comme le remarque Soudoplatov, 
s'ils avaient cru aux aveux de Greenglass, ils auraient dû commencer par 
filer en permanence le couple suspect pour trouver ses chefs et évaluer 
l'importance de ce qu'il tranmettait. 
Mais, ajoute-t-il, le FBI s'est 
comporté dans cette affaire absolument comme le NKVD : 
il a négligé le côté 
"professionnel" pour ne privilégier que le côté "politique"... 
Les deux enfants d'Ethel et Julius, Michael et Robert, 
furent adoptés par Abel Meeropol (14.02.1903 - 1986) et son épouse Anne 
qui vivaient à 
Hastings-on-Hudson. 
Abel Meeropol 
[1], 
enseignant et syndicaliste, auteur de centaines de poèmes, de chants 
et de livrets d'opéra, avait écrit en 1938, sous le pseudonyme de 
Lewis Allan, "Strange Fruit" 
[1, 
2], 
un extraordinaire poème 
et "protest song" parlant du lynchage à mort des noirs par les blancs 
dans les états du sud des Etats-Unis. 
"Strange fruit" fut enrégistré 
en 1939 par l'émouvante chanteuse noire 
Billie Holiday (1915-1959) et plus tard par Nina Simone.
Un film intitulé "Strange fruit" 
[1, 
2,
3], 
réalisé en 2001 par Joel Katz, a été primé.
Un film intitulé 
Heir to an execution, 
réalisé par Ivy Meeropol, l'aînée des 
petit-enfants de Julius et Ethel / 
bibliography / 
info
Robert Meeropol, 
un des deux fils des Rosenberg, a écrit un livre 
qui parle de l'exécution de ses parents et de sa vie politique :
An Execution in the Family: One Son’s Journey (New York : St. Martin's Press, 2003)
We are your sons : the legacy of Ethel and Julius Rosenberg
written by their children, Robert and Michael Meeropol  
Imprint Urbana : University of Illinois Press, 1986 
Cette page a été largement inspirée par un  
texte de Jean-Michel Krivine 
www.rosenbergtrial.org : 
accueil, 
site map
Le Monde diplomatique (avril 2002) : 
faux témoin
www.fiftiesweb.com : 
the Rosenberg file
en.wikipedia.org : 
Ethel & Julius Rosenberg
lire aussi ce texte
une émission tv de 
France 5 
donne un son de cloche différent...
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