ordiecole.com : Les maisons bulles d’Antti Lovag

 

Amoureux de la sphère, Antti Lovag, né en Hongrie en 1920 d'un père russe et d'une mère finlandaise, a développé une science de l'habitat en créant les « maisons bulles », abandonnant les angles droits au profit des sphères et des courbes. Son but : réconcilier l'homme, la nature et l'architecture.

 

Antti Lovag commence par suivre des cours d'architecture navale à Stockholm, puis poursuit par des études d'architecture à Paris qu'il laissera en plan avant l'obtention de son diplôme.

 

Au début des années 60, c'est aux cotés de Jacques Couëlle, qu'il se lance dans « l'architecture organique » qui s'inspire des formes de la nature et s'insère dans le paysage. Lovag, qui se qualifie d'habitologue, y ajoute une dimension libératrice : la maison doit être adaptée à la morphologie humaine. Sa problématique est claire : celui qui se meut dans l'espace décrit des cercles, alors pourquoi briser ses mouvements et son espace par des angles et des arêtes ? Pourquoi ne pas prendre en compte la gestualité propre du futur habitant ?

 

En fait, Lovag est un humaniste de l'architecture ; libérer l'homme de ses contraintes angulaires qui l'enserrent et l'étouffent est le but ultime de ses travaux. L'habitat ne doit pas être réduit à une simple « carré », comme on le dit en argot. Et l'environnement, pourquoi devrait-il être banni ? L'eau, la roche ont aussi leur place à l'intérieur. La lumière ne doit pas être cassée, mais tomber, naturellement, du ciel dans la maison.

 

L'homme ne doit pas être coupé de la nature pour être en harmonie avec lui-même. C'est ce qu'il appelle l'auto-construction. D'où l'idée d'une maison-dôme, autoportante, et anti-sismique, dont la courbe accentue l'ampleur des volumes, qui enveloppe sans enfermer, offrant un champ visuel hémisphérique.

 

Afin de respecter le sphérique credo de son inventeur, le mobilier est spécialement conçu pour être incorporé à la coque mais aussi être pluri-fonctionnel (cheminée mobile, vestiaire pivotant, des parois-meubles et des meubles-parois ).

 

Des ouvertures ovales ponctuent les « murs » servant d'écrin à un panorama ou à un détail du paysage préalablement choisi. Elles jouent aussi avec la lumière grâce à des « sky-dômes » offrant une vue céleste et déversant à longueur de jour la mouvante luminosité de la côte méditerranéenne. Dans son désir de fusion avec la nature, la végétation, plantée au fur et à mesure de la construction, habille en cascades végétales les courbes de la maison couleur ocre.

 

Dans le jardin, des bassins d'eau, ici et là, apaisent et rafraîchissent pendant la canicule ; des cascatelles, au débit modulable, bruissent, cristallines et apaisantes, à l'intérieur du lieu. La roche, au lieu d'être noyée sous des hectolitres de béton, est aplanie et devient un sol original et authentique.

 

C'est ainsi qu'en 1971, Pierre Bernard, industriel lyonnais et propriétaire d'un terrain au lieu-dit Port-La-Galère, dans la commune de Théoule, fasciné par le travail et les idées de Lovag, décide de devenir son mécène. Lovag entreprend la construction de sa première maison-bulle.

 

Puis en 1975, il entame la « maison Cardin » que Sotheby's qualifiera de « palais-bulles ». En effet, le célèbre couturier, qui lança les robes-bulles pendant les années psychédéliques, se portera acquéreur et commandera de nouveaux travaux. Résultat : 1200 m² habitables composés d'un amphithéâtre de 500 places, d'une salle de réception, d'un salon panoramique, d'une dizaine de suites, de jardins et de piscines, le tout sur les collines de l'Esterel. Elle sera finie en 1989 !

 

Enfin, la « maison Gaudet », troisième chantier bulle, dont les premiers plans datent de 1969, sera construites entre 1986 et 1989 à la Tourette-sur-Loup, toujours dans l'arrière-pays niçois.

 

Lovag devra faire face malgré ses précédentes réalisations à de virulentes oppositions. C'est pourtant l'une des rares constructions contemporaines classée monument historique par le Ministère de la Culture, en 1998. Aujourd'hui, Antti Lovag a 82 ans et continue de se battre pour que l'industrie produise des éléments courbes. Toujours aussi épris de liberté, de sérénité, et de bien-être, il vit dans l'un de ses premiers modules à la Tourette-sur-Loup, participe activement à l'association « Homme et Habitat » et continue de dispenser dans ses stages d'initiation, son savoir, et sa philosophie.

 

Sofia Cloès le 27 mai 2003

 

http://pontlieue.blog.lemonde.fr/pontlieue/2004/12/index.html

http://www.habiter-selon-lovag.com/

http://www.ordiecole.com/lovag.html


vous consultez la page http://www.ordiecole.com/lovag_maisons.html