L’ex-président haïtien Jean Bertrand Aristide veut porter plainte contre
la France :
quand a-t-il gouverné pour la première fois ?
( Info du 15/03/2004,
webencyclo )
Exilé à Bangui (Rép. centrafricaine)
depuis le 1er mars 2004, Jean Bertrand Aristide déclare avoir été forcé de
quitter Haïti par les États-Unis, avec la complicité de la France, alors que
des rebelles menaçaient d’envahir la capitale Port-au-Prince.
Jean-Bertrand Aristide
devient président de la République haïtienne en décembre 1990, suite aux premières
élections libres du pays
depuis 1804.
Les Haïtiens comptent à l’époque sur ce
prêtre qui s’est fait le défenseur des plus démunis, pour effacer deux siècles
de luttes intestines. Renversé par un coup d'État militaire en septembre 1991,
il reprend ses fonctions en octobre 1994 avec le soutien des Américains. Mais
il doit aussitôt quitter le pouvoir en 1995, le mandat présidentiel n’étant pas
renouvelable. Après cinq années émaillées d’événements politiques graves (assassinats,
instabilité gouvernementale) il est réélu en novembre 2000 avec près de 92 % des
voix. Les partis de l’opposition dénoncent la fraude électorale.
Qui sont ces rebelles ?
Membres du Front de résistance
de l’
Artibonite
(un des départements de l’île), ils se
sont surnommés eux-mêmes l’« Armée cannibale ». Autrefois à la solde de Jean-Bertrand
Aristide dont ils étaient les hommes de main (intimidation, passages à tabac et
peut-être élimination des opposants au régime, des journalistes ou des
militants des droits de l'Homme), constituant ainsi une forme de milice, ils l’accusent
aujourd’hui d’avoir commandité l’assassinat de leur chef
Amiot Métayer
le 22 septembre 2003.
Ce dernier serait devenu trop compromettant pour le dictateur.
Quelle autre dictature a
marqué Haïti ?
En 1957, après plus de 40 ans d’occupation américaine
puis de pouvoir militaire, François Duvalier, alias Papa Doc
prend les rennes du pays, élu en majorité avec le soutien des Noirs. Sa
gouvernance anti-démocratique (fin des partis d’opposition, dissolution du
Parlement, etc.) offusque les États-Unis qui cessent vite toute aide en
direction de l’île, la plongeant ainsi dans un marasme économique grave. En 1979,
Jean-Claude Duvalier, surnommé Baby Doc (il a
seulement 19 ans) prend la suite de son père décédé, jusqu’à ce qu’un soulèvement
le contraigne à l’exil en France en 1986.
Qu’est-ce qui caractérise la
vie politique haïtienne ?
La vie politique d’Haïti est
depuis des siècles peu ou prou liée au passé de l’île. La lutte d’indépendance
commence d’abord par une révolte des esclaves noirs en 1791. Rassemblés autour
de Toussaint-Louverture, ils obtiennent leur liberté en
1793. Mais sous le Directoire, les autorités françaises menacent de rétablir l’esclavage
et Toussaint-Louverture est arrêté. Les Noirs se
rebellent à nouveau, menés cette fois jusqu’à l’indépendance en 1804 par Jean-Jacques
Dessalines, lequel deviendra le premier despote de l’île libérée. Dès lors, Haïti
ne vit plus au rythme que des luttes de pouvoir entre les élites mulâtres et
les Noirs défavorisés.