www.sangonet.com : L'ethnologue cinéaste Jean Rouch tué dans un accident de la route au Niger


Dominique de Villepin: Jean Rouch "fidèle" à l'Afrique "jusqu'au bout"

PARIS (AP), vendredi 20 février 2004, 9h47  - Le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin a réagi au décès jeudi du réalisateur français Jean Rouch.

Actuellement en visite au Soudan, Dominique de Villepin a salué dans un communiqué daté de Khartoum la mémoire du cinéaste mort à l'âge de 86 ans dans un accident de voiture au Niger. "Dans la lignée des grands ethnologues et des grands humanistes comme Théodore Monod, Jean Rouch, mort tragiquement sur une terre qu'il avait tant sillonnée, aimait profondément l'Afrique et les Africains.

"Homme de courage, de conviction, de projets -d'une curiosité inaltérable malgré ses 86 ans-, il était un symbole de ce que peut exprimer de meilleur la relation entre l'Afrique et la France. Jusqu'au bout, il lui est fidèle", déclare encore M. de Villepin. AP


Décès de Jean Rouch "l'Africain blanc", pionnier du "cinéma vérité"

 

NIAMEY, Niger (AP, jeudi 19 février 2004, 18h52  - De la chasse à l'hippopotame aux rites vaudou, il était "l'Africain blanc", qui avait filmé le continent noir à sa façon, entre ethnologie et fiction. Le réalisateur français Jean Rouch, pionnier du "cinéma vérité" et inspirateur de la Nouvelle vague, est mort à l'âge de 86 ans dans un accident de voiture au Niger.

Disciple de l'explorateur Marcel Griaule, le cinéaste est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi aux environs de Tahoua, à 500km au nord-est de Niamey.

Arrivé vendredi dernier au Niger pour l'inauguration de la Semaine du film nigérien, dont il était l'invité d'honneur, il rendait visite à un ami cinéaste nigérien habitant à Tahoua.

Selon la radio nationale nigérienne, la Mercedes dans laquelle voyageait Jean Rouch a percuté pour une raison inconnue un camion stationné sur la route. Le choc a tué le cinéaste et blessé sa femme ainsi que le réalisateur Moustapha Alhassane et l'acteur Damouré Zika, tous deux nigériens. L'ambassadeur de France au Niger, Denis Vène, arrivé sur le lieu de l'accident, a rapatrié le corps à Niamey.

Jean Rouch, né le 31 mai 1917 à Paris, tient le goût du voyage de son père, directeur du Musée océanographique de Monaco, qui, après avoir fait l'Ecole navale, s'embarquera pour l'Antarctique avec l'explorateur Jean-Baptiste Charcot.

En 1941, quand le ministère des Colonies embauche des ingénieurs pour construire des ponts en Afrique, Jean Rouch, diplômé des ponts et chaussées, part pour la première fois sur ce continent. Lors de ce premier voyage, il rencontre le naturaliste Théodore Monod, qui dirige alors l'Institut français d'Afrique noire à Dakar, et découvre le fleuve Niger sur un vieux bateau à roue.

En se liant d'amitié avec des Africains, il assiste à un rituel de possession. Ecumant le Sénégal, le Mali, le Niger et le Ghana dans le cadre de missions d'études, il commence à se passionner pour l'ethnologie. Encouragé par Monod, il écrit des articles, prend des photos -quelques 20.000 clichés qui seront légués au Musée de l'Homme- et commence à tourner à la fin des années 40. Il filme "en amateur" la vie quotidienne des Africains, mais aussi des danses, des rites et des scènes de magie dont beaucoup ont aujourd'hui disparu.

Après quelques courts métrages, Jean Rouch tourne en 1955 "Les maîtres fous" sur les rites vaudou, un film qui choquera certains par ses scènes de possession. "C'était un choc total, personne n'avait jamais vu ça", explique le réalisateur Julien Donada, auteur avec Guillaume Casset de "L'inventaire de Jean Rouch" (1993), un documentaire dans lequel le cinéaste réagissait face à des objets.

Les cinéphiles découvriront le réalisateur avec "Moi un Noir" (1958), qui sort en salles après avoir reçu le prix Louis-Delluc, le "Goncourt" du cinéma, en 1959, l'année où Jean-Luc Godard sort "A bout de souffle".

Le même esprit anime les deux films, note Julien Donada: "Moi un Noir", qui se déroule à Abidjan, "c'est un type seul qui rêve, qui se prend pour James Dean, un loubard à la Belmondo". La façon de tourner est aussi la même, "sans trop de production, caméra à l'épaule avec des dialogues improvisés et une espèce de liberté de ton".

Jean Rouch tournera d'autres longs métrages en France ou en Afrique comme "La pyramide humaine" (1959), "Chronique d'un été" avec Edgar Morin (1960), dans lequel il interpelle les passants parisiens, et qu'il décrit lui-même comme du "cinéma vérité", et le fameux "Cocorico M. Poulet" (1974).

Jean Rouch filme avec une caméra 16mm, en noir et blanc, "comme on faisait des reportages à l'ORTF", puis il passe à la couleur. Ses images sont belles comme filmées "presque par hasard", souligne Julien Donada. Son oeuvre partagée entre l'ethnographie et la fiction -certains de ses films "africains" sont scénarisés, tout en laissant la part belle à l'improvisation- se distingue par son aspect expérimental, son innovation qui inspirera les cinéastes de la Nouvelle vague comme Jean-Luc Godard ou François Truffaut.

Jean Rouch tournera plus de 120 films sans jamais se départir d'un "regard d'enfant, étonné tout le temps", d'un côté "amateur". Il avait "une espèce de jeunesse totalement étonnante par rapport à son âge et l'expérience qu'il avait", souligne Julien Donada.

Directeur de recherches au Centre national de recherche scientifique (CNRS) et fondateur du Comité du film ethnographique, Jean Rouch avait également présidé la Cinémathèque française de 1987 à 1991. Dans un communiqué, le directeur général du Centre national de la cinématographie (CNC) a salué "la mémoire d'un cinéaste d'exception mais surtout d'un homme dont l'oeuvre et la vie furent dédiées à une seule cause, la nôtre, celle de l'humanité".

Son dernier combat l'avait vu dénoncer le démantèlement des collections du Musée de l'Homme, au profit du futur Musée des Arts premiers, qui doit ouvrir ses portes en 2006 quai Branly à Paris. "J'ai honte d'être français, j'ai honte d'appartenir à un pays où on brade la culture", s'était-il emporté. AP


Décès au Niger de l'ethnologue cinéaste Jean Rouch

NIAMEY, Niger (AP), 19 février 2004, 16:18 - Jean Rouch, ethnologue et cinéaste français, pionnier du «cinéma vérité» et grand connaisseur de l'Afrique, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi dans un accident de la circulation aux environs de Tahoua, à 500km au nord-est de Niamey, la capitale du Niger, a-t-on appris auprès de l'ambassade de France à Niamey.

Le cinéaste, âgé de 86 ans, rendait visite à un ami cinéaste nigérien habitant à Tahoua, précisait-on de même source. L'ambassadeur de France au Niger, Denis Vène, arrivé sur le lieu de l'accident, devait rapatrier le corps à Niamey dans la journée.

Selon la radio nationale du Niger, la Mercedes dans laquelle voyageait Jean Rouch a percuté pour une raison inconnue un camion stationné sur la route. Le choc a tué le cinéaste et blessé sa femme, Jocelyne Lamothe ainsi que le réalisateur Moustapha Alhassane et l'acteur Damouré Zika, tous deux nigériens.

Jean Rouch, disciple de l'explorateur Marcel Griaule, fondateur du comité du film ethnographique au Musée de l'Homme à Paris, était arrivé vendredi dernier au Niger pour l'inauguration de la Semaine du film nigérien, dont il était l'invité d'honneur.

Né le 31 mai 1917 à Paris, ce fils de directeur du Musée océanographique de Monaco est d'abord ingénieur des ponts et chaussées puis maître de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS) avant de fimer «en amateur» la vie quotidienne des Africains, mais aussi des danses, des rites et des scènes de magie dont certaines ont aujourd'hui disparues.

A partir de 1941, il écume le Sénégal, le Mali, le Niger et le Ghana dans le cadre de missions d'études. Après quelques courts métrages, il tourne en 1955 «Les maîtres fous», film qui choquera certains par ses scènes de possession. Il réalisera ensuite de nombreux longs métrages, comme «Jaguar» (1957), «Moi, un Noir» (1958), «La pyramide humaine» (1959) et le fameux «Cocorico M. Poulet» (1974).

Son dernier combat l'avait vu dénoncer le démantèlement des collections du Musée de l'Homme, au profit du futur musée des Arts premiers, qui doit ouvrir ses portes en 2006 quai Branly à Paris. AP


L'ethnologue Jean Rouch tué dans un accident de la route au Niger

NIAMEY (AFP), jeudi 19 février 2004, 15h07 - L'ethnologue et cinéaste français Jean Rouch est mort dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord du Niger dans un accident de la route près de Konni, dans la région de Tahoua (400 km au nord-est de Niamey).

Selon le service de presse de l'ambassade de France au Niger, les circonstances exactes de l'accident de la circulation et du décès de Jean Rouch, âgé de 86 ans, restent encore imprécises. Pour la radio nationale nigérienne, qui a confirmé le décès, un camion est impliqué dans cet accident de la circulation.

L'ambassadeur de France à Niamey, Denis Vène, s'est rendu sur les lieux de l'accident pour procéder au rapatriement de son corps, qui devrait arriver à Niamey dans l'après-midi.

Le directeur du Centre culturel franco-nigérien, Laurent Clavel, a indiqué à l'AFP que Jean Rouch était accompagné de son épouse, du cinéaste nigérien Moustapha Allassane et de son vieux compagnon, l'acteur nigérien Damouré Zika. Ces trois personnes "vont bien", a indiqué M. Clavel, sans plus de précision.

La femme du cinéaste, Jocelyne Lamothe, a été autorisée à prendre l'avion pour revenir dans la capitale nigérienne.

Jean Rouch se trouvait au Niger dans le cadre d'une manifestation culturelle sur le cinéma nigérien, auquel il a contribué par ses films en Afrique francophone dès la fin des années 1940.

Né en mai 1917, disciple de Marcel Griaule (1898-1958 - pionnier de l'ethnologie en Afrique et spécialiste des Dogons), Jean Rouch a cherché à mettre l'outil cinématographique au service des études ethnologiques. A partir de 1941, il voyage au Sénégal, au Niger, au Mali et au Ghana pour des missions d'étude en tant qu'ingénieur des Ponts et Chaussées. Une caméra à la main, il filme en amateur - définition qu'il a toujours revendiquée - les rites et les rituels de ces Africains qu'il côtoie quotidiennement.

Après une série de courts-métrages, il tourne en 1954 "Les Maîtres fous", un documentaire montrant les rites de possession d'une secte, qui lui vaut certaines critiques lui reprochant les commentaires accompagnant l'oeuvre. Ce reportage sera cependant primé en 1957 à Venise.

Rouch réalise ensuite ses premiers longs métrages: "les Fils de l'eau" (1955), "Jaguar" (1957), "Moi un Noir" (1958), "la Pyramide humaine" (1959), "la Chasse au lion à l'arc" (1965) ou encore "Cocorico M. Poulet" (1974), et "Bougo, les funérailles du vieil Anaï" (1979).

L'ethnologue et cinéaste français Jean Rouch est mort dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord du Niger dans un accident de la route près de Konni, dans la région de Tahoua (nord).
Jean Rouch en janvier 2003 dans son bureau du Musée de l'Homme à Paris
• Joël Robine (AFP - jeudi 19 février 2004, 15h07
)

Actualité internationale et africaine de sangonet 19 février 2004