En 1842, Ernest
Schüler, réfugié allemand, ouvre un atelier en ville de Bienne,
et c’est le
redémarrage de cette industrie sur la place. Son essor est rapide :
qua-
tre ans plus
tard, en 1846, on y dénombre déjà 6 ou 7 ateliers occupant chacun
jusqu’à 14
horlogers ; par ailleurs, quelques centaines d’artisans, venus pour la
plupart des
vallées jurassiennes ou de Neuchâtel, travaillent à domicile pour l’un
ou l’autre des
établisseurs* de la ville. Parallèlement à cette renaissance,
l’horlo-
gerie du Haut
Vallon poursuit sa marche en avant. Sonvilier et St-Imier prennent
des allures de
gros bourgs, on l’a vu. A Bienne, le nombre d’établisseurs passe de
2 à 15 en dix
ans. En 1856, la ville compte déjà 795 horlogers qui représentent
16 % de la
population active. En 1867, à l’heure de la création de la
manufacture*
des Longines
à St-Imier, les horlogers biennois produisent artisanalement près de
180’000 montres
de poche, dont le dixième en or, le reste en argent.
Bienne et les
villages alentour s’agrandissent sans discontinuer. A peine débar-
qués, les
nouveaux arrivants déplorent le manque d’appartements et la vie chère.
Une vive
concurrence salariale s’installe entre l’horlogerie et les anciennes
indus-
tries de la
place, fabrique de tabac, filature, tréfilerie.
Depuis 1857,
l’agglomération est desservie par le chemin de fer qui la relie aux
villes du Plateau
suisse, puis aux villages du Jura industriel. Bienne prend la tête
de
l’industrialisation bernoise, devançant bientôt St-Imier et les villages du
Vallon.
Sa suprématie
doit beaucoup à sa position géographique et au développement des
voies de
communication.
A la fin des
années 1870, Bienne compte une centaine d’établisseurs* et de
fabricants qui
emploient plus de 2’500 ouvriers. Une vingtaine d’ateliers spécia-
lisés, plus ou
moins importants, produisent des boîtes en or, en argent et, de plus
en plus
fréquemment, en acier. Désormais, l’horlogerie biennoise peut se suffire
à elle-même. Son
essor, et celui de l’horlogerie jurassienne tout entière, tient au
succès de la
montre acier bon marché, dont les processus de fabrication mécanisés
s’appliqueront
bientôt à l’ensemble de la production horlogère suisse. Pour Bienne,
comme pour le
Vallon, le temps des fabriques est arrivé ; celui de la Suze aussi.
Commençons par la
plus prestigieuse des entreprises horlogères biennoises.
Du comptoir
Louis Brandt & fils à Omega SA (1882)
L’histoire de
Louis-Paul et César Brandt, créateurs des montres Omega, ne
débute pas à
Bienne avec la reprise des anciens locaux de la filature Neuhaus
&
Huber