From: =?Windows-1252?Q?Enregistr=E9_par_Windows_Internet_Explorer=A07?= Subject: =?Windows-1252?Q?Mus=E9um_d'histoire_naturelle_-_Neuch=E2tel?= Date: Fri, 11 Jul 2008 09:13:48 +0200 MIME-Version: 1.0 Content-Type: multipart/related; type="text/html"; boundary="----=_NextPart_000_00C1_01C8E336.6DBBC320" X-MimeOLE: Produced By Microsoft MimeOLE V6.0.6000.16545 This is a multi-part message in MIME format. ------=_NextPart_000_00C1_01C8E336.6DBBC320 Content-Type: text/html; charset="iso-8859-1" Content-Transfer-Encoding: quoted-printable Content-Location: http://www.museum-neuchatel.ch/new/navigation.php?cat=5&subcat=18&pageid=4
Au fil de l=92exposition
1. L=92esprit du temps
Chaud devant, froid derri=E8re !
2. Agassiz, pionnier de la=20 glaciologie
Louis Agassiz, zoologiste, pal=E9ontologiste, glaciologue: un =
des plus=20
grands savants du XIXe si=E8cle
Louis-Jean-Rodolphe Agassiz est n=E9 =
=E0 M=F4tier=20
(Fribourg) en 1807, et mort =E0 Cambridge (Massachusetts, USA) en=20
1873.
Tr=E8s t=F4t passionn=E9 par l=92histoire naturelle, il =E9tudie les = poissons en=20 Allemagne, puis =E0 Paris. Nomm=E9 professeur =E0 Neuch=E2tel en 1832, = il y fonde, avec=20 Louis Coulon, le Mus=E9e d=92histoire naturelle et se fait remarquer du = monde=20 scientifique par une activit=E9 hors du commun. En 14 ans, il publie = plus de 20=20 ouvrages fondamentaux, illustr=E9s de plus de 2=92000 planches d=92une = qualit=E9=20 extraordinaire, sur les poissons actuels et fossiles, les oursins, les=20 mollusques, les glaciers, et fait de Neuch=E2tel un centre scientifique = europ=E9en.=20
Son nom reste li=E9 aux =E9tudes men=E9es sur le glacier de = l=92Unteraar dans les=20 ann=E9es 1840 et =E0 la notion d=92 =AB =E2ge glaciaire =BB. Sa prise de = position en faveur=20 de la th=E9orie glaciaire fait pencher la balance dans la controverse = qui fait=20 rage alors dans le monde scientifique.
En 1846, il quitte l=92Europe pour les Etats-Unis o=F9 il gagne une = popularit=E9=20 extraordinaire. Professeur =E0 Harvard, il fonde le Museum of = Comparative Zoology=20 de Cambridge, l=92un des plus grands mus=E9es d=92histoire naturelle. = Partisan de la=20 th=E9orie des cr=E9ations successives, il devient le principal = contradicteur de=20 Darwin et voit son influence diminuer vers la fin de sa vie. Reconnu = aujourd=92hui=20 surtout pour son r=F4le dans l=92affirmation de la science am=E9ricaine, = Agassiz=20 demeure l=92un des plus grands savants du XIXe si=E8cle.
M=E9moire d'outre glace, un film inachev=E9 de C=E9lestin=20 Quartier-Dumittan
Cette vid=E9o endommag=E9e a =E9t=E9 retrouv=E9e en ao=FBt 2006 dans = une cam=E9ra=20 abandonn=E9e sur le glacier de l=92Unteraar (Suisse). =8Cuvre d=92un = amateur passionn=E9,=20 elle est projet=E9e telle qu=92elle, en hommage =E0 la m=E9moire de son = auteur, C=E9lestin=20 Quartier-Dumittan. Parti de Neuch=E2tel en solitaire pour r=E9aliser un = film =E0 la=20 gloire de Louis Agassiz et de ses recherches sur les glaciers, il a = disparu sur=20 le glacier de l=92Unteraar durant le tournage de son film. Toutes les = recherches=20 pour le retrouver sont rest=E9es vaines. Nous pr=E9sentons ici les = images brutes de=20 cette vid=E9o, ayant en effet renonc=E9 =E0 faire un montage de ce = document=20 =E9mouvant.
3. Du D=E9luge aux glaciers, ou Louis Agassiz = et l=92=E8re=20 glaciaire
Pics sourcilleux, pr=E9cipices affreux et glaciers sublimes
=AB Autrefois il n=92y avait gu=E8re que les gens du pays ou quelques = pauvres=20 voyageurs venant d=92Italie par le glacier du Gries qui traversaient le = col du=20 Grimsel ; mais de nos jours o=F9 tout le monde =E9prouve le besoin de = faire son tour=20 de Suisse et de courir de grands dangers au bord d=92affreux = pr=E9cipices, le=20 Grimsel est devenu une station tr=E8s-fr=E9quent=E9e [=85] =BB
E. Desor Excursions et s=E9jours dans les glaciers et les hautes = r=E9gions des=20
Alpes, de M. Agassiz et de ses compagnons de voyage (1844)
Pendant des si=E8cles, les Alpes ont terroris=E9 les voyageurs. Mais = dans la=20 premi=E8re moiti=E9 du XIXe si=E8cle, le Romantisme leur conf=E8re un = attrait nouveau.=20 De plus en plus nombreux, les touristes viennent visiter les vall=E9es = suisses=20 pour y go=FBter le frisson des hauteurs.
D=E9sormais, la montagne fascine les =E9lites cosmopolites de = l=92Europe enti=E8re.=20 Un m=E9lange subtil, fait de nature hostile, immacul=E9e et = myst=E9rieuse, de beaut=E9=20 sublime et d=92un soup=E7on d=92effroi, draine vers les cimes = =E9crivains, peintres et=20 dilettantes.
Les savants ne sont pas en reste: suite =E0 la publication des = Voyages dans les=20 Alpes du Genevois Horace-B=E9n=E9dict de Saussure (1779), naturalistes, = botanistes,=20 g=E9ologues parcourent les Alpes et publient leurs observations. Le = Soleurois=20 Franz Josef Hugi (1791-1855) est l=92un des premiers =E0 =E9tudier et = =E0 mesurer les=20 glaciers.
=95 La question des blocs erratiques. Des blocs =E9tranges :=20 diluvianistes & cie
=AB Les granites ne se forment pas dans la terre comme des truffes, = et ne=20 croissent pas comme des sapins sur les roches calcaires. =BB
H.-B. de Saussure Voyages dans les Alpes (1779)
La pr=E9sence de blocs =E9normes de roches granitiques dans le Jura = calcaire a=20 depuis longtemps intrigu=E9 les savants. Comment expliquer leur = pr=E9sence si loin=20 des Alpes ? Quelle force extraordinaire a pu les transporter sur de = telles=20 distances, leur faisant m=EAme remonter des pentes ?
Aussi surprenant que cela puisse para=EEtre aujourd=92hui, c=92est = dans le r=E9cit=20 biblique du D=E9luge que de Saussure et les plus grands g=E9ologues de = l=92=E9poque ont=20 cherch=E9 la solution de cette =E9nigme (c=92est pourquoi les blocs = erratiques ont=20 longtemps =E9t=E9 qualifi=E9s de =AB mat=E9riel diluvien =BB - du mot = latin diluvium : le=20 d=E9luge). Pour eux, c=92=E9taient les vagues =E9normes du D=E9luge = biblique qui avaient=20 entra=EEn=E9 les blocs de granit loin des Alpes. Leopold von Buch avait = m=EAme calcul=E9=20 la force de courant n=E9cessaire =E0 un flot de boue pour faire remonter = les pentes=20 du Jura =E0 des blocs pesant des milliers de tonnes.
Le transport par des radeaux de glace, des d=E9b=E2cles gigantesques, = des=20 explosions de gaz projetant les blocs =E0 des centaines de kilom=E8tres, = ont aussi=20 =E9t=E9 avanc=E9s comme causes possibles de la dispersion du mat=E9riel = erratique. Ces=20 th=E9ories un peu folles n=92=E9taient gu=E8re fond=E9es sur des = observations de terrain :=20 il s=92agissait plut=F4t de sp=E9culations de cabinet. Elles ont = pourtant =E9t=E9=20 d=E9fendues jusque dans les ann=E9es 1850.
=95 La question des blocs erratiques : les pionniers de la = th=E9orie=20 glaciaire
=AB Les glaciers de nos montagnes ont eu jadis une bien plus grande = extension=20 qu=92aujourd=92hui. Toute notre vall=E9e, jusqu=92=E0 une grande hauteur = au-dessus de la=20 Drance (torrent de la vall=E9e), a =E9t=E9 occup=E9e par un vaste = glacier, qui se=20 prolongeait jusqu'=E0 Martigny, comme le prouvent les blocs de roches = qu=92on trouve=20 dans les environs de cette ville et qui sont trop gros pour que l=92eau = ait pu les=20 y amener. =BB
Jean-Pierre Perraudin, propos tenus en 1815, relat=E9s par Jean de=20 Charpentier
On consid=E8re souvent Louis Agassiz comme le =AB p=E8re =BB de la = th=E9orie glaciaire.=20 En r=E9alit=E9, il en est surtout le propagateur, car il s=92est = appuy=E9 sur les=20 travaux de pr=E9d=E9cesseurs demeur=E9s dans l=92ombre. A qui revient la = paternit=E9 de=20 l=92id=E9e du transport et de la dispersion des blocs erratiques par les = glaciers ?=20
Il est bien difficile de r=E9pondre pr=E9cis=E9ment =E0 cette = question. Sur la base=20 de ses observations personnelles, Jean-Pierre Perraudin, un paysan de = Lourtier=20 (Valais), =E9tait arriv=E9 seul =E0 la conclusion que les glaciers = avaient occup=E9=20 autrefois toute la Vall=E9e de Bagnes. En 1815, il expose ses vues =E0 = l=92ing=E9nieur=20 Ignaz Venetz, puis au g=E9ologue Jean de Charpentier, qui =E9crit alors: = =AB =85 je=20 trouvais son hypoth=E8se si extraordinaire, si extravagante m=EAme, que = je ne jugeai=20 pas qu=92elle val=FBt la peine d=92=EAtre m=E9dit=E9e et prise en = consid=E9ration. =BB.
Ignaz Venetz fournit, dans son M=E9moire sur les variations de la = temp=E9rature=20 dans les Alpes suisses (r=E9dig=E9 en 1821 mais publi=E9 en 1833 = seulement), de=20 nombreuses preuves que les glaciers avaient connu une extension bien = plus grande=20 au cours des si=E8cles pr=E9c=E9dents. Recueillies dans tout le Valais, = ses=20 observations minutieuses incit=E8rent son ami Charpentier =E0 =E9tudier = =E0 son tour le=20 mat=E9riel erratique jusque dans le Jura afin de convaincre Venetz de = son erreur.=20 Ses observations eurent l=92effet contraire : elles l=92amen=E8rent =E0 = se rallier =E0 la=20 th=E8se glaciaire. Les remarquables observations de Charpentier sont = r=E9unies dans=20 son Essai sur les glaciers et sur le terrain erratique du bassin du = Rh=F4ne=20 (1841). Venetz et Charpentier sont actuellement consid=E9r=E9s comme les = v=E9ritables=20 p=E8res de la th=E9orie glaciaire.
D=92autres savants avaient d=E9j=E0 =E9mis des id=E9es similaires = auparavant : le=20 Bernois Bernhard-Friedrich Kuhn avait publi=E9 en 1787 la premi=E8re = =E9tude traitant=20 du transport des blocs de rochers par les glaciers ; l=92Ecossais James = Hutton=20 avait =E9nonc=E9 succinctement l=92hypoth=E8se glaciaire dans un ouvrage = paru en 1795 ;=20 son compatriote John Playfair, en 1802, avait d=E9crit le pouvoir de = transport des=20 glaciers ; Jens Esmark, en 1824, avait attribu=E9 aux glaciers la = dispersion des=20 blocs erratiques dans toute la Norv=E8ge ; le po=E8te Goethe lui-m=EAme, = en 1829,=20 avait =E9voqu=E9 l=92hypoth=E8se du transport glaciaire. Ces travaux = n=92avaient pourtant=20 rencontr=E9 que peu d=92=E9cho =E0 leur publication.
=95 Le Discours sur les glaciers, texte visionnaire ou tissu = d=92erreurs=20 ?
=AB Depuis que j=92ai vu les glaciers, je suis d=92une humeur tout = =E0 fait neigeuse=20 ; je veux que toute la surface de la terre ait =E9t=E9 couverte de glace = et que=20 toutes les cr=E9ations qui ont pr=E9c=E9d=E9 la n=F4tre soient mortes de = froid. En effet=20 je suis enti=E8rement convaincu que tous les derniers changements, = survenus =E0 la=20 surface de l=92Europe, doivent =EAtre attribu=E9s =E0 l=92action de la = glace. =BB
Louis Agassiz, lettre au savant anglais Buckland, 1838
Convaincu par Charpentier du bien-fond=E9 de la th=E8se glaciaire, = Louis Agassiz=20 met tout son poids dans la bataille pour la faire triompher.
Devant l=92assembl=E9e de la Soci=E9t=E9 helv=E9tique des Sciences = naturelles r=E9unie =E0=20 Neuch=E2tel en 1837, il prononce le fameux Discours sur les glaciers, = qui provoque=20 un v=E9ritable toll=E9 parmi ses coll=E8gues et est parfois = consid=E9r=E9 =96 =E0 tort =96 comme=20 le point de d=E9part de la th=E9orie glaciaire.
En 1836, jeune savant d=E9j=E0 c=E9l=E8bre pour ses travaux = zoologiques et=20 pal=E9ontologiques, Agassiz avait pass=E9 plusieurs mois =E0 Bex, o=F9 = Charpentier lui=20 avait montr=E9 sur le terrain les traces du passage des glaciers.
S=92appuyant sur les travaux de Venetz et de Charpentier, qu=92il = enrichit par=20 des observations personnelles, Agassiz conf=E8re =E0 la th=E8se = glaciaire une=20 dimension plan=E9taire. Empruntant =E0 son ami Karl Schimper = l=92expression d=92=AB =E2ge=20 glaciaire =BB, il affirme qu=92une =E9norme calotte de glace a recouvert = jadis une=20 grande partie de l=92Europe et de l=92Am=E9rique du Nord. Il se trompe = en pla=E7ant cet=20 =AB =E2ge glaciaire =BB avant l=92=E9l=E9vation des Alpes : selon lui, = les blocs erratiques=20 seraient parvenus jusqu=92au Jura en glissant sur les pentes glac=E9es = des Alpes en=20 formation, une id=E9e vivement combattue par Charpentier.
Ses affirmations sont tr=E8s mal re=E7ues par la communaut=E9 = scientifique : =E0=20 l=92=E9poque, on =E9tait convaincu que dans les p=E9riodes g=E9ologiques = anciennes, la=20 Terre avait toujours connu un climat plus chaud. Piqu=E9 au vif, Agassiz = d=E9cide de=20 lancer une =E9tude approfondie des glaciers actuels, afin de confondre = ses=20 adversaires.
=95 Recherches sur les glaciers : le glacier de l=92Unteraar = et l=92=ABH=F4tel=20 des Neuch=E2telois=BB
=AB Depuis 60 heures il ne cesse de neiger autour de nous ; la = temp=E9rature de=20 l=92air ne s=92est pas =E9lev=E9e au-dessus de +1=B0C depuis deux jours = et la nuit nous=20 avons =964=B0C. Nous sommes tous ensevelis dans le foin sous notre tente = et c=92est =E0=20 peine si je puis tenir la plume pour vous rendre compte des observations = de la=20 derni=E8re quinzaine=85 =BB
Carl Vogt et Louis Agassiz, brouillon de lettre =E9crite depuis = l=92=AB H=F4tel des=20 Neuch=E2telois =BB
En ao=FBt 1840, sous la direction de Louis Agassiz, une =E9quipe de = six jeunes=20 savants s=92installe sur la moraine m=E9diane du glacier de = l=92Unteraar, dans la=20 r=E9gion du Grimsel. Sous la saillie d=92un =E9norme bloc de schiste = micac=E9, ils=20 am=E9nagent un abri de fortune, baptis=E9 par d=E9rision l=92 =AB = H=F4tel des Neuch=E2telois=20 =BB. Jusqu=92en 1845, les campagnes se succ=E9deront durant les mois = d=92=E9t=E9 =96 et=20 parfois m=EAme en hiver - dans cette entreprise scientifique qui n=92a = pas=20 d=92=E9quivalent pour l=92=E9poque. Dans des conditions souvent tr=E8s = difficiles, un=20 impressionnant programme d=92=E9tude est r=E9alis=E9.
Entre 1838 et 1845, Agassiz et ses compagnons sillonnent les Alpes,=20 multipliant observations, mesures et exp=E9riences diverses. Le glacier = de=20 l=92Unteraar devient rapidement le centre des recherches glaciologiques. = L=92enthousiasme contagieux et l=92extraordinaire sens de la = communication=20 d=92Agassiz, la nouveaut=E9 d=92un tel travail collectif, font de = l=92H=F4tel des=20 Neuch=E2telois un p=F4le d=92attraction pour les savants =E9trangers, = visit=E9 aussi par=20 les simples touristes.
Aux c=F4t=E9s de Louis Agassiz, ses camarades Edouard Desor, Carl = Vogt, C=E9lestin=20 Nicolet, Arnold Guyot et bien d=92autres prennent part aux recherches, = accompagn=E9s=20 par les artistes Jacob Bourckhardt et Joseph Bettanier. Les sujets = d=92=E9tude ne=20 manquent pas : formation et structure de la glace, variations de la = temp=E9rature,=20 =E9paisseur et mouvements du glacier, circulation de l=92eau, moraines, = blocs, et=20 m=EAme flore et faune microscopique du glacier. De cette importante = moisson=20 scientifique naissent d=92innombrables publications dont deux ouvrages = majeurs=20 accompagn=E9s de planches splendides, les Etudes sur les glaciers (1840) = et le=20 Syst=E8me glaciaire (1847).
=95 Louis Agassiz, proph=E8te de la = science
=AB Ainsi, l=92=E9poque de grand froid qui a pr=E9c=E9d=E9 la = cr=E9ation actuelle, n=92a =E9t=E9=20 qu=92une oscillation passag=E8re de la temp=E9rature du globe=85 Elle a = accompagn=E9 la=20 disparition des animaux de l=92=E9poque diluvienne des g=E9ologues, = comme les=20 Mammouths de Sib=E9rie l=92attestent encore, et pr=E9c=E9d=E9 le = soul=E8vement des Alpes et=20 l=92apparition des =EAtres vivant de nos jours=85 =BB
Louis Agassiz Discours sur les glaciers, 1837
Pour Agassiz, l=92=E2ge glaciaire a provoqu=E9 l=92extinction de = toutes les esp=E8ces=20 vivantes. Raclant la Terre jusqu=92au roc, les glaciers ont =E9t=E9 =AB = la charrue de=20 Dieu =BB : ils ont fait place nette pour une Cr=E9ation nouvelle =96 et = pour=20 l=92av=E8nement du r=E8gne de l=92Homme.
Partisan du =AB catastrophisme =BB de l=92illustre Georges Cuvier, = Agassiz=20 consid=E8re que les ruptures observ=E9es dans les s=E9ries g=E9ologiques = r=E9sultent de=20 cataclysmes plan=E9taires : l=92histoire de la Terre a =E9t=E9 rythm=E9e = par des=20 successions de catastrophes, qui ont ouvert =E0 chaque fois la voie =E0 = de nouvelles=20 Cr=E9ations. Avec l=92=AB =E2ge glaciaire =BB, la science du 19e = si=E8cle tient donc enfin=20 la cause concr=E8te de la derni=E8re catastrophe =96 celle qui a = pr=E9c=E9d=E9 la Cr=E9ation=20 actuelle et l=92av=E8nement du couronnement de l=92=9Cuvre de Dieu : = l=92Homme.
Les recherches glaciaires d=92Agassiz s=92inscrivent dans une = production=20 scientifique tourn=E9e toute enti=E8re vers la mise en =E9vidence d=92un = Plan divin dans=20 l=92histoire de la nature. Par ses recherches d=92embryologie, de = zoologie et de=20 pal=E9ontologie, Agassiz s=92est attach=E9 =E0 montrer que la succession = des esp=E8ces=20 r=E9pondait =E0 une progression r=E9guli=E8re, dont l=92ordre avait = =E9t=E9 d=E9fini par Dieu au=20 commencement des temps. Pour lui, la science naturelle permettait ainsi, = mieux=20 encore que l=92=E9tude de la Bible, de toucher =E0 la R=E9v=E9lation = divine. Et dans le=20 d=E9chiffrement du =AB Grand Livre de la Nature =BB, Agassiz se tenait = pour un=20 proph=E8te =96 le proph=E8te de la science.
Aux Etats-Unis, o=F9 il s=92=E9tablit en 1846, ce message sera re=E7u = avec=20 enthousiasme : au pays des pionniers puritains, Agassiz r=E9concilie les = valeurs=20 de la science avec les exigences de la religion. S=92affirmant comme le = patron de=20 la science am=E9ricaine, Agassiz y devient aussi le principal = contradicteur de=20 Darwin. Sous de nombreux aspects pourtant, ses travaux anticipaient la = th=E9orie=20 de l=92=E9volution.
Aujourd=92hui, le triomphe du darwinisme a rel=E9gu=E9 Agassiz dans = les oubliettes=20 de l=92histoire. De plus, sa renomm=E9e a beaucoup souffert de la = caution=20 scientifique qu=92il a voulu apporter au syst=E8me esclavagiste. = N=E9anmoins, par ses=20 travaux comme par son engagement pour la promotion de la science, = Agassiz=20 demeure l=92un des plus grands savants du 19e si=E8cle.
Un savant s=E9ducteur, Louis Agassiz (1807-1873) proph=E8te de la = science
Une nouvelle biographie par Marc-Antoine Kaeser est publi=E9e aux = Editions de=20 l=92Aire =E0 l=92occasion de l=92exposition.
4. Comprendre les glaciers
Bases scientifiques de la glaciologie
=95 Comment se forment les glaciers =
?=20
De neige en glace
Comment la neige, si volatile et l=E9g=E8re, peut-elle se = transformer en=20 glace ? Tout simplement par compaction, =E0 condition qu=92il fasse = assez froid l=E0=20 o=F9 elle peut s=92accumuler, sur les pentes et cirques d=92altitude (ou = aux p=F4les),=20 et se tasser sous son propre poids. La structure de la neige change, les = cristaux de neige se transforment en cristaux de glace qui deviennent de = plus en=20 plus gros avec le tassement. L=92alternance gel-d=E9gel favorise la = transformation:=20 en fondant la neige passe par l=92=E9tat liquide et recristallise en=20 glace.
Dans des conditions favorables, la glace va donc s=92accumuler en = amont, avant=20 de se mettre =E0 avancer, par simple gravit=E9, du fait de la pente. La = vitesse du=20 mouvement est fonction de l=92alimentation, de la pente, de la nature du = fond=20 (moraine ou roche) et des conditions climatiques. La vitesse de = d=E9placement est=20 plus rapide en =E9t=E9, car la pr=E9sence d=92eau de fonte acc=E9l=E8re = le mouvement en=20 servant de lubrifiant.
=95 Un glacier est-il un fleuve de glace ?=20
Qualifier un glacier de fleuve de glace est s=FBrement un peu = abusif,=20 et pourtant il avance ! S=E9racs, crevasses et moraines m=E9dianes sont = les preuves=20 visibles, sur le glacier lui-m=EAme, de ce mouvement lent mais=20 incessant.
La vitesse de d=E9placement atteint en g=E9n=E9ral quelques = centim=E8tres =E0 quelques=20 dizaines de centim=E8tres par jour, m=EAme si certains glaciers peuvent = avancer=20 quotidiennement de plusieurs m=E8tres. Le glacier Kangerlussuaq au = Groenland bat=20 tous les records avec une vitesse de 40 m=E8tres par jour, soit environ = 14=20 kilom=E8tres par an !
Le poids de la glace provoque, sous le glacier, une surpression et = une fonte=20 partielle au contact avec la roche ou la moraine de fond: cette couche = d=92eau=20 favorise le glissement du glacier sur le fond rocheux. La glace = n=92=E9tant pas un=20 liquide, ni une plaque rigide, mais une mati=E8re visqueuse, les = changements de=20 pente ou de direction provoquent la formation de fissures l=E0 ou les = tensions=20 sont tr=E8s grandes.
La dynamique globale du glacier est une question d=92=E9quilibre = entre=20 accumulation des pr=E9cipitations neigeuses dans la partie amont et = =E9vaporation et=20 fonte dans la partie aval.
=95 Pourquoi la glace des glaciers est-elle = parfois=20 bleue, parfois blanche ?
La couleur de la glace d=E9pend de la proportion d=92air =
qu=92elle=20
contient. Lorsqu=92elle se forme =E0 partir de la neige, la glace est =
blanche car=20
elle contient beaucoup d=92air. Dans un glacier, la teneur en air =
diminue=20
continuellement et la glace devient bleue, puis transparente. =
Dans les glaciers, la couleur de la glace d=E9pend en premier lieu du = poids de=20 glace ou de neige qui la recouvre. La teneur en air diminue = continuellement au=20 cours de la transformation de la neige en glace. La neige fra=EEchement = tomb=E9e est=20 constitu=E9e d=92un empilement l=E2che de cristaux s=E9par=E9s par de = l=92air. Une nouvelle=20 chute de neige tasse l=92ancienne couche et en expulse une partie de = l=92air.
La neige poudreuse contient 90% d=92air, alors que la glace de = glacier n=92en=20 contient plus en moyenne que 2%. Les n=E9v=E9s =96 =E9tape = interm=E9diaire dans la=20 formation de la glace - en contiennent entre 50 et 80%.
Souvent la glace des glaciers est stratifi=E9e, des bandes blanches = alternent=20 avec de bandes bleu- verd=E2tre. Cette stratification est li=E9e aux = saisons. La=20 glace peu dense, avec beaucoup de bulles et de couleur blanche, se forme = en=20 hiver. La glace bleu-verd=E2tre par contre est plus dense, contient = moins d=92air et=20 se forme en =E9t=E9, quand l=92alternance gel-d=E9gel =E0 temp=E9rature = =E9lev=E9e diminue les=20 bulles d=92air.
La glace d=92un lac gel=E9 a un aspect tr=E8s diff=E9rent. L=92eau ne = contenant=20 pratiquement pas d=92air, la glace qui se forme est transparente comme = une plaque=20 d e verre. L=92eau qu=92elle recouvre peut para=EEtre sombre et m=EAme = parfois=20 pratiquement noire.
=95 N=92y a-t-il des glaciers que sur les = montagnes ?=20
Il faut monter jusqu=92=E0 2700m au moins dans les Alpes pour = que des=20 glaciers puissent se former. Mais plus on s=92approche des p=F4les, plus = on trouve=20 des glaciers =E0 basse altitude. Ils peuvent exister jusqu=92au niveau = de la mer si=20 les conditions de temp=E9rature et de pr=E9cipitations le = permettent.
Deux grands types de glaciers existent :
les glaciers alpins. Leur morphologie est d=E9pendante du relief. Ils = occupent=20 des sortes de =AB pi=E8ges =E0 glace =BB comme le fond d=92une vall=E9e = (glacier de vall=E9e),=20 le fond d=92un cirque rocheux (glacier de cirque) ou la partie sommitale = du flanc=20 ombrag=E9 d=92une montagne, le plus souvent en versant nord (glacier = suspendu).=20 Arriv=E9 en terrain libre, un glacier de vall=E9e s=92=E9largit et forme = un lobe parsem=E9=20 de crevasses (glacier de pi=E9mont).
les glaciers continentaux. De tr=E8s grande =E9tendue et de forte = =E9paisseur, ces=20 immenses amas de glace recouvrent le terrain quel que soit le relief et=20 pr=E9sentent une surface bomb=E9e. On distingue les calottes glaciaires = dont=20 l=92=E9tendue est inf=E9rieure =E0 50'000 km2 et les inlandsis (plus de = 50'000 km2). Il=20 n=92existe que deux inlandsis sur Terre, celui de l=92Antarctique et = celui du=20 Groenland.
=95 Y a-t-il des glaciers dans le Jura ? =
Les derniers glaciers ont disparu de la cha=EEne jurassienne = il y a=20 environ 10=92000 ans. Par contre, on rencontre encore localement de la = glace dans=20 le sol (perg=E9lisol) et l=92environnement souterrain = (glaci=E8re).
Le perg=E9lisol (permafrost en anglais) d=E9signe un sol gel=E9 en = permanence. Au=20 niveau plan=E9taire, il s=92=E9tend sur environ 20% des terres = =E9merg=E9es. Dans les=20 Alpes, il est pr=E9sent =E0 partir de 2500 m d=92altitude et plus = sp=E9cialement sur les=20 versants expos=E9s au nord (ubac). On estime que 5 =E0 6% du territoire = suisse est=20 occup=E9 par le perg=E9lisol. C=92est plus que les surfaces couvertes = par les=20 glaciers. Dans le Jura, il existe quelques cas de sols gel=E9s en = permanence, li=E9s=20 =E0 des conditions particuli=E8res d=92exposition et de circulation des = masses d=92air,=20 comme par exemple au fond du cirque rocheux du Creux-du-Van.
Une glaci=E8re naturelle est une cavit=E9 souterraine qui contient de = la glace=20 tout au long de l'ann=E9e, dans une r=E9gion o=F9 la temp=E9rature = moyenne annuelle est=20 plus =E9lev=E9e que z=E9ro. La glaci=E8re fonctionne comme un = cong=E9lateur naturel; l=92air=20 froid qui s=92y trouve, plus dense que l=92air ext=E9rieur, est = pi=E9g=E9 =E0 l=92int=E9rieur de=20 la grotte permettant la conservation de la glace. Il existe une = vingtaine de=20 glaci=E8res dans des grottes du Jura, dont la plus importante en volume = est la=20 glaci=E8re de Monl=E9si dans le canton de Neuch=E2tel (6'000 m3).
=95 Quelle est la principale r=E9serve = d=92eau douce de la=20 plan=E8te ?
A eux seuls, glaciers et neiges =E9ternelles constituent plus = des deux=20 tiers de toute l=92eau douce pr=E9sente sur Terre, soit plus de 24 = millions de km3.=20 Ce n=92est toutefois qu=92une goutte - ou presque - par rapport aux = 1'000 millions=20 de km3 d=92eau sal=E9e contenue dans les mers et les = oc=E9ans.
L=92eau douce est la plus pr=E9cieuse des ressources naturelles, = indispensable =E0=20 la vie des organismes vivants, plantes et animaux, et =E0 notre = bien-=EAtre. Les=20 glaces en constituent la plus importante r=E9serve: =E0 lui seul = l=92Antarctique=20 rec=E8le 61,7 % de l=92ensemble des eaux douces et le Groenland 6,7%. = Une grande=20 partie du reste est stock=E9e dans les eaux souterraines (30%). Quant = =E0 l=92eau des=20 lacs et des rivi=E8res, directement disponible, elle n=92entre que pour = une infime=20 proportion (moins de 0,27%) dans le volume total.
=95 Y a-t-il de la glace dans l=92espace = ?
La glace joue un r=F4le tr=E8s important dans l=92univers, = non seulement=20 dans l=92espace interstellaire, mais =E9galement dans la composition des = plan=E8tes.=20 Petit tour d=92horizon tr=E8s simplifi=E9 des connaissances actuelles, = de la naissance=20 des =E9toiles aux =E9ruptions de glace, en passant par les com=E8tes et = les anneaux de=20 Saturne !
=95 A quoi reconna=EEt-on un paysage = glaciaire=20 ?
Les glaciers fonctionnent comme de gigantesques rabots = donnant aux=20 vall=E9es, apr=E8s leur passage, une forme en auge ou en U bien = reconnaissable.=20 Roches moutonn=E9es, verrous et ombilics, moraines et blocs erratiques = sont les=20 autres traces caract=E9ristiques laiss=E9es dans le paysage par les=20 glaciers.
L=92=E9rosion glaciaire se fait par abrasion, arrachement, = fractionnement de la=20 roche en place. Les vall=E9es en auge sont les t=E9moins les plus = visibles de=20 l=92action des glaciers sur le paysage.
Apr=E8s le retrait du glacier, une vall=E9e pr=E9sente une alternance = de ressauts=20 (verrous glaciaires) et de d=E9pressions (ombilics), zones plus tendres, = surcreus=E9es souvent occup=E9es par des lacs. Les bancs rocheux = r=E9sistants prennent=20 l=92aspect de roches moutonn=E9es lorsqu=92ils pr=E9sentent un = arrachement vers l=92aval=20 et un poli vers l=92amont (voir sch=E9ma).
Les blocs erratiques et les moraines, d=E9p=F4ts de mat=E9riaux = rocheux divers=20 transport=E9s sur le dos des glaciers ou pouss=E9s devant eux, puis = abandonn=E9s lors=20 de leur retrait, marquent aussi le paysage de leur empreinte longtemps = apr=E8s=20 leur passage.
=95 Qu=92est-ce qu=92un bloc erratique = ?
Le mot erratique vient du latin erraticus qui veut dire = errant. Un=20 bloc erratique est donc un bloc qui s=92est d=E9plac=E9. Cependant il = n=92a pas boug=E9=20 tout seul: il a voyag=E9 sur le dos d=92un glacier.
D=E9tach=E9 d=92une paroi rocheuse et tomb=E9 sur le glacier, le bloc = progressera =E0=20 la m=EAme vitesse que la glace. Son voyage s=92arr=EAte au moment o=F9 = la glace qui le=20 porte fond. Abandonn=E9 sur place, il peut se trouver =E0 des centaines = de=20 kilom=E8tres de son point de d=E9part.
On peut parfois d=E9terminer le lieu d=92origine pr=E9cis d=92un bloc = en analysant=20 ses caract=E8res p=E9trographiques (composition, structure cristalline = et chimie des=20 min=E9raux). Plus simplement, certaines roches bien particuli=E8res ne = se=20 rencontrent que dans des r=E9gions restreintes des Alpes: ainsi les = blocs de=20 serpentinite - roche m=E9tamorphique de couleur vert fonc=E9 - = trouv=E9es dans le Jura=20 proviennent forc=E9ment du massif du Cervin et des r=E9gions = avoisinantes.
Des blocs erratiques isol=E9s peuvent servir =E0 d=E9terminer = l=92extension maximale=20 d=92un ancien glacier si une =E9rosion intense a fait dispara=EEtre les = moraines.=20 C=92est le cas du bloc erratique de la colline de la Croix-Rousse =E0 = Lyon, vestige=20 de la glaciation du Riss (=96300'000 =E0 -120'000 ans).
Le glacier du Rh=F4ne, origine des blocs erratiques du Jura
R=E9duit de nos jours =E0 l=92=E9tat de relique, ce glacier (situ=E9 = =E0 environ 3km au=20 NW du col de la Furka) occupait toute la vall=E9e du Rh=F4ne et = s=92=E9tendait jusqu=92au=20 Jura. Le long du parcours, les glaciers des vall=E9es secondaires = ajoutaient leur=20 masse de glace =E0 celle du glacier principal. Au niveau du L=E9man, le = glacier=20 prenait l=92aspect d=92un glacier de pi=E9mont. Il se divisait en deux = branches=20 distinctes au contact du Jura: l=92une passant par Gen=E8ve finissait = vers Lyon (au=20 Riss et au W=FCrm) et l=92autre passant par Neuch=E2tel se terminait peu = apr=E8s Soleure=20 =E0 Wangen an der Aare (uniquement au W=FCrm, car son extension = rissienne =E9tait=20 beaucoup plus importante).
Le glacier de l=92Aar, venait du massif du m=EAme nom, par les = actuels lacs de=20 Thoune et de Brienz. Pr=E8s de Berne, il rencontrait le glacier du = Rh=F4ne qui le=20 d=E9viait en direction de Soleure.
=95 Y a-t-il des blocs erratiques dans = le Jura=20 ?
Le Jura est parsem=E9 de blocs erratiques jusqu=92=E0 une = altitude de=20 1100m, voire 1250m au Suchet. C=92est le niveau atteint par le glacier = du Rh=F4ne=20 durant son extension maximale lors de la derni=E8re = glaciation.
Quelques blocs se trouvent =E0 une altitude sup=E9rieure ou dans des = r=E9gions qui=20 n=92ont pas =E9t=E9 atteintes par la glaciation du W=FCrm, autour de la = ville de La=20 Chaux-de-Fonds par exemple. Il s=92agit donc de cailloux d=E9pos=E9s = ant=E9rieurement,=20 lors de la glaciation du Riss.
La plupart des blocs erratiques sont des roches cristallines, = beaucoup plus=20 dures que les calcaires formant le Jura. Ce type de mat=E9riau =E9tait = tr=E8s=20 recherch=E9 pour la construction. Au 19e si=E8cle par exemple, les = =E9normes blocs de=20 granite de la r=E9gion de Noiraigue ont servi =E0 fa=E7onner les marches = d=92escalier et=20 encadrements de fen=EAtre de nombreux b=E2timents de ce village du=20 Val-de-Travers.
Mais bien longtemps auparavant, des hommes avaient taill=E9 ces = blocs, pour en=20 faire des menhirs, des meules ou des pierres =E0 cupules. Il est = extr=EAmement=20 difficile de dater ce mat=E9riel m=E9galithique. Dans certains cas = seulement, en=20 d=E9couvrant des restes arch=E9ologiques sous un dolmen, on a pu = attribuer une date=20 =E0 ces premi=E8res traces d=92exploitation qui remontent au = N=E9olithique (il y a 5'000=20 =E0 2=92500 ans).
Certains blocs erratiques sont parmi les premiers objets naturels =E0 = avoir =E9t=E9=20 plac=E9s sous protection. C=92est le cas de la Pierre-=E0-Bot au-dessus = de Neuch=E2tel.=20 Cet =E9norme bloc de granite de 3000 tonnes a =E9t=E9 class=E9 en 1838 = =AB monument=20 pr=E9cieux d=92histoire naturelle =BB suite =E0 une requ=EAte de Louis = Agassiz, et a=20 =E9chapp=E9 ainsi au d=E9bitage par les carriers.
=95 Qu=92est-ce qu=92une moraine = ?
On appelle moraine tout mat=E9riau transport=E9 par les = glaciers: les=20 amas de d=E9bris rocheux pr=E9sents =E0 leur surface, de m=EAme que les = d=E9p=F4ts qu=92ils=20 ont abandonn=E9s.
Les mat=E9riaux des moraines ne sont pas tri=E9s: poussi=E8re = de roche,=20 argiles, sables fins ou grossiers, cailloux de toutes tailles et gros = blocs y=20 voisinent dans le d=E9sordre le plus total.
L=92aspect anguleux des cailloux et des blocs permet de reconna=EEtre = facilement=20 une moraine.
Au contraire, dans les bancs de sable, de gravier ou de galets = transport=E9s=20 par les rivi=E8res ou l=92eau en g=E9n=E9ral, les =E9l=E9ments sont = toujours plus ou moins=20 tri=E9s par taille et leurs angles ont =E9t=E9 =E9mouss=E9s par le = transport (galets=20 arrondis par exemple).
On reconna=EEt quatre principaux types de moraines:
- moraine lat=E9rale: accumulation des mat=E9riaux arrach=E9s par le = glacier ou=20 tomb=E9s =E0 sa surface depuis les pentes rocheuses qui le bordent
- moraine m=E9diane: r=E9union des moraines lat=E9rales de deux = glaciers confluents=20
- moraine de fond: mat=E9riaux arrach=E9s au substrat rocheux sous le = glacier et=20 broy=E9s par les mouvements de la glace
- moraine frontale: accumulation =E0 l=92avant du glacier des = mat=E9riaux arriv=E9s =E0=20 l=92extr=E9mit=E9 de la langue
Le terme till est =E9galement souvent employ=E9 pour d=E9signer une = moraine non=20 consolid=E9e.
=95 Comment se forment les marmites = glaciaires=20 ?
Une marmite glaciaire est un trou dans la roche en forme de = marmite -=20 ou plut=F4t de chaudron - dans lequel est souvent emprisonn=E9 un gros = caillou. La=20 formation de la marmite est due =E0 l=92action de l=92eau de fonte = charg=E9e de=20 particules rocheuses abrasives.
Depuis la surface du glacier, l=92eau s=92engouffre dans des = crevasses jusqu=92=E0 sa=20 base rocheuse, y donnant naissance =E0 des torrents. A certains = endroits, des=20 tourbillons se cr=E9ent o=F9 l=92eau peut atteindre 200 km/h sous des = pressions=20 gigantesques. L=92eau charg=E9e de particules fines de sables et de = gravier =E9rode la=20 roche.
Contrairement =E0 une id=E9e r=E9pandue, ce n=92est donc pas le = mouvement du bloc=20 emprisonn=E9 qui creuse le trou. Le caillou, un peu plus petit que la = taille du=20 fond de la marmite, s=92est simplement trouv=E9 pi=E9g=E9 =E0 = l=92int=E9rieur. Plus gros il ne=20 tomberait pas dans le trou, plus petit il serait =E0 nouveau =E9ject=E9 = par la force=20 du tourbillon.
=95 Comment se forment les stries glaciaires = ?
Les stries glaciaires sont les traces, grav=E9es dans le = rocher, du=20 passage d=92un glacier. Elles sont produites par le frottement de = rochers ou de=20 fragments min=E9raux enchass=E9s dans la glace qui rayent la roche en = place. Elles=20 indiquent le sens du mouvement du glacier. Des polis glaciaires = apparaissent=20 dans les zones pass=E9es au =AB papier de verre =BB du glacier charg=E9 = de fine farine=20 de roche.
Les stries glaciaires permettent de prouver l=92existence de glaciers = =E0 des=20 p=E9riodes tr=E8s anciennes de l=92histoire de la Terre. On en a = retrouv=E9 par exemple=20 sur des roches datant du Carbonif=E8re (355 =E0 295 millions = d=92ann=E9es) en Afrique du=20 Sud, et m=EAme de l=92Ordovicien (500 =E0 440 millions d=92ann=E9es) au = Sahara. Gr=E2ce =E0=20 l=92=E9tude minutieuse de la direction des stries, on a pu d=E9finir les = mouvements=20 des calottes glaciaires pr=E9sentes durant ces deux p=E9riodes = g=E9ologiques en=20 Afrique, continent qui occupait alors une position proche du p=F4le = sud.
=95 Y a-t-il des stries glaciaires dans le = Jura ?=20
Le glacier du Rh=F4ne a effectivement =AB appos=E9 sa griffe = =BB sur les=20 roches calcaires du Jura. Dans la r=E9gion neuch=E2teloise, les dalles = stri=E9es du=20 Landeron, =E9tudi=E9es par Agassiz lors de ses recherches sur les = glaciers dans les=20 ann=E9es 1840, restent l=92un des exemples les plus connus. = Malheureusement, il n=92en=20 subsiste presque plus rien aujourd=92hui.
=95 Y a-t-il toujours eu des glaciers dans = les Alpes=20 depuis la derni=E8re =E9poque glaciaire ?
La surface occup=E9e par les glaciers a beaucoup vari=E9 depuis la = fin de la=20 derni=E8re glaciation. Des =E9tudes r=E9centes bas=E9es sur la datation = des restes=20 v=E9g=E9taux rejet=E9s par les glaciers ont montr=E9 que, au cours des = derniers 10'000=20 ans, ceux-ci ont =E9t=E9, le plus souvent, moins =E9tendus = qu=92aujourd=92hui. Des zones=20 actuellement recouvertes de glaciers ont pu =EAtre libres de glace il y = a quelques=20 milliers d=92ann=E9es.
Les troncs d=92arbre (m=E9l=E8zes et arolles surtout) rejet=E9s par = les glaciers=20 montrent que des arbres croissaient par le pass=E9 dans des zones = actuellement=20 recouvertes de glace. Il est possible de retracer l=92histoire locale de = la=20 v=E9g=E9tation et du climat d=92une r=E9gion par datation au carbone 14 = de bois ou de=20 tourbe retrouv=E9s dans des moraines d=92altitude sup=E9rieure =E0 celle = du front d=92un=20 glacier actuel. Les r=E9sultats de multiples analyses de ces bois ont = permis de=20 d=E9terminer une dizaine de phases de retrait glaciaire (=E9pisodes = chauds)=20 entrecoup=E9es d=92autant de phases de crue des glaciers.
=95 Quelle a =E9t=E9 l=92extension maximale = des glaciers=20 ?
La Suisse a subi plusieurs glaciations, mais nous n=92avons = de traces=20 tangibles que des deux derni=E8res p=E9riodes glaciaires, celle du Riss = (-300'000 =E0=20 -120'000 ans environ) et celle du W=FCrm (-80'000 =E0 -10'000 ans = environ). Dans les=20 deux cas, la majeure partie du pays a =E9t=E9 recouverte par les=20 glaces.
Puisque chaque nouvelle glaciation efface, au moins partiellement, = les traces=20 de la pr=E9c=E9dente, nous ne trouvons plus, aujourd=92hui, que les = d=E9p=F4ts pierreux,=20 moraines et blocs erratiques, des deux derni=E8res p=E9riodes = glaciaires.
L=92extension maximale des glaciers a =E9t=E9 plus importante durant = le Riss que=20 durant le W=FCrm. Le glacier du Rh=F4ne s=92=E9tendait sur l=92ensemble = du Plateau suisse.=20 Il a largement d=E9bord=E9 la haute cha=EEne du Jura et recouvert une = grande partie du=20 Jura fran=E7ais.
Le maximum du W=FCrm a eu lieu il y a 18'000 =E0 20'000 ans environ = (voir carte).=20 Le glacier du Rhin recouvrait tout le nord-est du pays. Le glacier du = Rh=F4ne a=20 une nouvelle fois occup=E9 le Plateau. Aux environs de Berne, il a = rejoint le=20 glacier de l=92Aar pour s=92=E9tendre au-del=E0 de Soleure jusqu=92=E0 = Wangen an der Aare.=20 En revanche il n=92a pas rejoint le glacier de la Reuss, laissant libre = de glace=20 le massif du Napf et la r=E9gion qui l=92entoure. Au sud des Alpes, la = r=E9gion du=20 Monte Generoso a =E9t=E9 =E9pargn=E9e.
Le Jura est rest=E9 en partie libre de glace =E0 l=92exception de la = Vall=E9e de=20 Joux, de la r=E9gion de Sainte-Croix, du Val-de-Travers et du Val de Ruz = tandis=20 que des glaciers locaux recouvraient les sommets.
=95 Quelles sont les causes de l=92avance et = du recul=20 des glaciers ?
La =AB sant=E9 =BB des glaciers d=E9pend non seulement des = temp=E9ratures=20 estivales mais =E9galement des pr=E9cipitations annuelles. Pour qu=92un = glacier reste=20 stable, l=92apport sous forme de neige dans la zone d=92accumulation = doit compenser=20 la fonte de la glace en aval. Les conditions climatiques r=E9gionales, = elles-m=EAmes=20 sous la d=E9pendance de l=92altitude et de la latitude, sont donc = primordiales, du=20 moins =E0 une =E9chelle de temps humaine.
La fonte directe de la glace =E0 la surface du glacier et =E0 = l=92extr=E9mit=E9 de la=20 langue alimente un torrent glaciaire dont le d=E9bit varie suivant la = saison et le=20 moment de la journ=E9e. De plus, lors des journ=E9es tr=E8s chaudes, la = glace se=20 transforme directement en vapeur d=92eau par sublimation (passage de = l=92=E9tat solide=20 =E0 l=92=E9tat gazeux) =E0 la surface du glacier.
Les pr=E9cipitations neigeuses peuvent compenser ces pertes si elles = sont=20 suffisamment abondantes. Une s=E9rie d=92ann=E9es froides et neigeuses = se traduit par=20 une crue du glacier. Au contraire, les =E9t=E9s tr=E8s chauds que nous = vivons depuis=20 quelques d=E9cennies ont provoqu=E9 un recul important des glaciers. Le=20 r=E9chauffement climatique actuel li=E9 =E0 l=92augmentation des gaz =E0 = effets de serre=20 d=92origine humaine en est la cause av=E9r=E9e.
=95 Les =E9boulements dans les Alpes = sont-ils li=E9s =E0 la=20 fonte des glaciers ?
Deux processus distincts, agissant =E0 des =E9chelles de = temps=20 diff=E9rentes, sont =E0 l=92=9Cuvre :
- la fonte du perg=E9lisol, qui est li=E9e au r=E9chauffement = climatique=20 d=92origine humaine observ=E9 actuellement
- le recul progressif des glaciers depuis la fin de la = derni=E8re=20 p=E9riode glaciaire il y a 20'000 ans, qui n=92est pas directement li=E9 = =E0 ce=20 r=E9chauffement
Les chutes de pierres du Cervin et l=92=E9boulement de l=92Eiger, qui = ont tous deux=20 fait les titres de l=92actualit=E9, sont des exemples de l=92un et = l=92autre de ces=20 processus.
Les chutes de pierres du Cervin, qui rendent p=E9rilleuses les = ascensions de ce=20 sommet prestigieux, sont en relation directe avec le r=E9chauffement = climatique=20 anthropog=E8ne. Au-dessus de 2500m, le sol est gel=E9 en permanence = depuis des=20 milliers d=92ann=E9es. A cause du r=E9chauffement, le =AB ciment =BB que = constituait la=20 glace se met =E0 fondre, risquant =E0 tout moment de provoquer la chute = de grosses=20 masses de pierres.
Les causes de l=92=E9boulement de l=92Eiger doivent =EAtre = recherch=E9es bien plus loin=20 dans le temps et ne sont pas en relation directe avec le r=E9chauffement = climatique r=E9cent. Depuis des millions d=92ann=E9es, les masses = rocheuses des Alpes=20 sont parcourues de failles et de fentes. Lorsque ces failles courent=20 parall=E8lement aux vall=E9es, les risques d=92=E9boulement sont grands. =
Lors de la derni=E8re glaciation, les glaciers ont creus=E9 de = profondes vall=E9es=20 et accru le risque d=92=E9boulement. Tant que les glaciers remplissent = les vall=E9es=20 il n=92y a pas de danger, mais lorsqu=92ils se retirent, les masses = rocheuses ne=20 sont plus retenues que par leur poids. Leur chute n=92est d=E8s lors = plus qu=92une=20 question de temps =96 mais de temps g=E9ologique, car il peut = s=92=E9couler des si=E8cles=20 voire des mill=E9naires jusqu=92=E0 ce qu=92elles se mettent en = mouvement.
=95 Quel =E2ge a la plus vieille glace du = monde=20 ?
La plus vieille glace trouv=E9e sur Terre est =E2g=E9e de = 900'000 ans. Elle=20 provient d=92un forage profond (3270 m=E8tres) dans la calotte glaciaire = de=20 l=92Antarctique. Il a fallu 9 ans aux foreuses dans les conditions = polaires=20 difficiles pour atteindre cette profondeur.
Cette glace a =E9t=E9 extraite au cours d=92une mission EPICA, un = projet sur 8 ans=20 de forage dans les glaces de l=92Antarctique, r=E9unissant des = scientifiques et des=20 techniciens de 10 pays europ=E9ens. Les petites bulles d=92air contenues = dans cette=20 glace sont extraites pour conna=EEtre les changements de composition de=20 l=92atmosph=E8re terrestre. Les analyses nous renseignent d=92une part = sur les=20 variations de temp=E9rature aux =E9poques pass=E9es, et, d=92autre part, = sur les=20 changements de concentration des gaz et des particules contenues dans=20 l=92atmosph=E8re au cours du temps.
5. La valse du climat, pourquoi = ?
Les causes des glaciations
Les glaciers des Alpes fondent dramatiquement. Mais il y a 200 ans, = ils=20 =E9taient en crue, d=E9truisant des p=E2turages et mena=E7ant des = alpages. Il y a 18'000=20 ans, une couche de glace de plusieurs centaines de m=E8tres recouvrait = presque=20 toute la Suisse=85
Peut-=EAtre esp=E9rez-vous une explication simple des causes des = glaciations et=20 des changements du climat ?
H=E9las, il n=92y en a pas. Aucun facteur, si important soit-il, = n=92explique =E0 lui=20 seul, et =E0 toutes les =E9chelles de temps, les bouleversements = climatiques. La=20 v=E9rit=E9 se trouve dans la combinaison de m=E9canismes que nous vous = proposons de=20 d=E9couvrir.
=95 Les myst=E8res des premi=E8res=20 glaciations
Des galets stri=E9s, trouv=E9s en Afrique du Sud, pourraient =EAtre = les premi=E8res=20 preuves d=92une glaciation sur la Terre. Ils datent de pr=E8s de 3 = milliards=20 d=92ann=E9es. Entre 2,4 et 2.2 milliards d=92ann=E9es les traces de = glaciations sont=20 nombreuses : au Canada, dans le nord de l=92Europe, en Afrique du Sud et = en=20 Australie. Puis elles disparaissent durant 1,4 milliard d=92ann=E9es, = pour=20 r=E9appara=EEtre entre 850 et 550 millions d=92ann=E9es avant le = pr=E9sent.
Les causes des glaciations les plus anciennes sont m=E9connues, tant = les=20 conditions r=E9gnant alors sur Terre diff=E8rent des actuelles. = L=92incertitude=20 r=E8gne=85
Des sc=E9narios extraordinaires ont =E9t=E9 propos=E9s. Selon Paul = Hoffmann de=20 l=92Universit=E9 de Harvard, auteur d=92une =E9tude r=E9cente, la Terre = a connu, il y a=20 700 millions d=92ann=E9es, des =E9pisodes de glaciations si intenses que = m=EAme les=20 oc=E9ans auraient gel=E9, pris sous 1400 m=E8tres de glace. Les = temp=E9ratures seraient=20 descendues =E0 =9650 degr=E9s, entra=EEnant l=92an=E9antissement de = toute vie, except=E9 pr=E8s=20 de volcans sous-marins.
C=92est le retour d=92une hypoth=E8se qui divise les scientifiques = depuis que Louis=20 Agassiz l=92a =E9mise le premier en 1837 dans son fameux discours de = Neuch=E2tel.=20 Depuis cette =E9poque, des variantes de cette id=E9e ont =E9t=E9 = d=E9battues =E0 sept=20 reprises
Faut-il imaginer les glaciations du pass=E9 =E0 la lumi=E8re de = celles du pr=E9sent ?=20 Ce vieux d=E9bat n=92a jamais cess=E9 de diviser les g=E9ologues.
=95 Le monde =E0 l=92envers : d=E9rive des=20 continents
Il y a 300 millions d=92ann=E9es, l=92Afrique et l=92Australie = =E9taient couvertes de=20 glace, pendant qu=92en Europe et en Am=E9rique du nord de luxuriantes = for=EAts et des=20 vastes mar=E9cages dominaient le paysage ; il y avait donc de la glace = l=E0 o=F9=20 s=92=E9tend aujourd=92hui le d=E9sert, et des vestiges de for=EAts = tropicales fossilis=E9es=20 se trouvent actuellement sous la glace.
C=92est la d=E9rive des plaques tectoniques - donc des continents - = qui est la=20 cause de ce =AB miracle =BB. Alfred Wegener a d=E9couvert en 1924 que = les continents=20 voyagent =E0 la surface du globe depuis des millions d=92ann=E9es. Il a = prouv=E9 que les=20 continents du sud, l'Afrique, l'Inde, l'Australie, l'Am=E9rique du Sud = et=20 l'Antarctique =E9taient r=E9unis il y a 300 millions d=92ann=E9es au = P=F4le Sud, formant=20 le =AB supercontinent =BB Gondwana.
Quelle relation avec le climat ? La distribution des continents est=20 fondamentale pour les glaciations. Il faut absolument des terres = =E9merg=E9es=20 proches des p=F4les, pour qu'une glaciation soit possible, car la glace = ne peut=20 pas s=92accumuler dans la mer. Pendant le Carbonif=E8re, la plupart des = continents=20 se trouvaient proche du P=F4le Sud, ce qui a permis une glaciation qui = s=92est=20 =E9tendue =E0 partir de l=E0 jusqu=92=E0 une latitude de 40=B0 Sud.
M=EAme si les continents ne bougent que de quelques centim=E8tres par = ann=E9e, =E0=20 l=92=E9chelle des temps g=E9ologiques leur position d=E9cide du climat. = Nous n=92en=20 ressentons pas les effets et l=92humanit=E9 aura probablement disparu = avant un=20 nouveau bouleversement de ce type. La d=E9rive des continents se = d=E9roule sur des=20 millions d=92ann=E9es.
=95 Milankovitch, l=92intuition de = l=92astronome :orbite=20 de la Terre
L'astronome serbe Milutin Milankovitch a d=E9montr=E9, entre 1920 et = 1941, que le=20 rythme des glaciations depuis 400'000 ans s=92explique par de faibles=20 irr=E9gularit=E9s du parcours de la Terre autour du Soleil.
Pour Milankovitch, les causes des glaciations r=E9sident dans les = irr=E9gularit=E9s=20 de l=92orbite terrestre. Le mouvement de la Terre autour du Soleil varie = de trois=20 mani=E8res, sous l=92influence combin=E9e des autres plan=E8tes et de la = Lune, selon des=20 cycles de 100=92000, de 40=92000 et de 20=92000 ans. Avec comme = cons=E9quence des=20 p=E9riodes plus chaudes ou plus froides, et des saisons plus ou moins=20 marqu=E9es.
La premi=E8re variation concerne l'excentricit=E9 de l'orbite de la = Terre autour=20 du Soleil. Sur une p=E9riode de 100=92000 ans, elle passe d=92une forme = presque=20 circulaire =E0 une forme l=E9g=E8rement elliptique.
La deuxi=E8me variation est celle de l'inclinaison de l'axe de = rotation de la=20 Terre par rapport au plan de son orbite. Il varie entre 22 et 25=B0 sur = une dur=E9e=20 de 41'000 ans.
La troisi=E8me variation est due =E0 la pr=E9cession, un changement = de direction de=20 l=92axe terrestre qui oscille un peu =E0 la mani=E8re d=92une toupie, = sur une dur=E9e de=20 21'000 ans.
Excentricit=E9, inclinaison et pr=E9cession induisent chacune une = courbe=20 d=92insolation particuli=E8re. Une fois combin=E9es, ces courbes = correspondent de=20 mani=E8re tr=E8s pr=E9cise aux glaciations et p=E9riodes chaudes, ce qui = confirme=20 l=92intuition g=E9niale de l=92astronome.
=95 Une panne de chauffage : courants=20 oc=E9aniques
Il y 10'000 ans, au terme de la derni=E8re glaciation, le climat en = Europe=20 s'est tant r=E9chauff=E9 qu'il faisait alors plus chaud qu'aujourd'hui. = 2 degr=E9s de=20 plus en moyenne, qui permettaient aux for=EAts d'atteindre l=92altitude = de 2500m=20 dans les Alpes, l=E0 o=F9 seules de maigres pelouses poussent = actuellement. Puis=20 brutalement, il y a 8200 ans, le froid est revenu. Une baisse terrible = de pr=E8s=20 de 4 =B0 qui va durer 200 ans.
La cause de ce refroidissement se trouve en Am=E9rique du Nord : = c=92est un lac=20 immense, aujourd=92hui disparu. Nomm=E9 lac Agassiz en l=92honneur du = savant, il =E9tait=20 grand comme 9 fois la Suisse. Ses eaux =E9taient endigu=E9es par = l'=E9norme calotte=20 glaciaire qui couvrait le nord du Canada, emp=EAchant les fleuves de se = d=E9verser=20 vers la baie d'Hudson.
Suite au retrait des glaciers nord-am=E9ricains, il y a environ 8200 = ans, la=20 digue glaciaire c=E8de et, en un temps tr=E8s bref, pratiquement tout le = lac se vide=20 dans l'Atlantique Nord au travers de la Baie d=92Hudson.
Les chercheurs estiment que ce colossal d=E9versement d'eau douce a = perturb=E9=20 les courants de l'Atlantique Nord. La circulation du Gulf Stream aurait = =E9t=E9=20 interrompue. L=92arr=EAt de ce courant marin, qui prend naissance dans = les eaux=20 chaudes du golfe du Mexique et traverse l'Atlantique, serait responsable = du=20 retour du froid en Europe.
Il y aurait donc eu une sorte de " panne de chauffage ", une panne = qui=20 rappelle que sans le Gulf Stream nos hivers seraient aussi rudes que = ceux des=20 Qu=E9b=E9cois, et que les ours blancs hanteraient les fjords de la = Norv=E8ge.
=95 Le r=E8gne glacial du Roi Soleil : = Activit=E9=20 solaire
Le Roi Soleil porte bien mal son nom. Le r=E8gne de Louis XIV a en = effet=20 co=EFncid=E9 avec l=92=E9pisode le plus froid du Petit Age glaciaire qui = a marqu=E9=20 l=92Europe entre 1300 et 1850 environ.
Cette p=E9riode, que les climatologues nomment le minimum de Maunder, = s=92=E9tend=20 de 1645 =E0 1715. La temp=E9rature moyenne n=92y =E9tait que de 1=B0 = inf=E9rieure =E0=20 l=92actuelle, mais les cons=E9quences furent terribles. Le froid intense = de certains=20 hivers et la famine sont rest=E9s tristement c=E9l=E8bres. Pour ne citer = qu=92elles, les=20 ann=E9es 1693 et 1694 ont vu mourir pr=E8s de deux millions de = Fran=E7ais.
La variation de l=92activit=E9 du Soleil, mesur=E9e par le nombre des = taches=20 solaires, est la cause de ces calamit=E9s. Les taches solaires faisaient = =E0=20 l=92=E9poque l=92objet d=92observations soutenues et d=92un vif d=E9bat. = Elles avaient =E9t=E9=20 =E9tudi=E9es d=E8s 1609 par Galil=E9e, l=92inventeur du t=E9lescope = astronomique. D=E8s 1645,=20 elles se firent rares ou quasiment inexistantes et ne r=E9apparurent que = 70 ans=20 plus tard, suivies de pr=E8s par une hausse de la temp=E9rature.
Plus que par une simple variation de la chaleur, c=92est par une = modification=20 du champ magn=E9tique terrestre que les humeurs du soleil semblent = interagir avec=20 le climat de notre plan=E8te.
=95 1816, l=92ann=E9e sans =E9t=E9 : = volcanisme
Lors d=92=E9ruptions volcaniques importantes, de grands nuages de = cendres sont=20 projet=E9s jusque dans la stratosph=E8re. Puis les jets streams, ces = vents rapides=20 de haute altitude, les r=E9partissent rapidement tout autour du globe. = Le temps de=20 s=E9jour des poussi=E8res en suspension en haute atmosph=E8re peut durer = plusieurs=20 ann=E9es durant lesquelles le rayonnement solaire qui atteint le sol est = r=E9duit.
L=92=E9ruption du volcan Tambora, en Indon=E9sie, le 10 avril 1815, a = ainsi caus=E9=20 un refroidissement plan=E9taire de pr=E8s de 1=B0C.
L=92ann=E9e suivante, 1816, a =E9t=E9 catastrophique. Des pluies = continuelles et de=20 la gr=EAle ont entra=EEn=E9 de mauvaises r=E9coltes et la disette. Les = vendanges ont =E9t=E9=20 les plus tardives jamais enregistr=E9es en France et en Suisse.
Durant 3 ans, les radiations solaires sont rest=E9es inf=E9rieures = =E0 la normale,=20 voil=E9e par une brume s=E8che acide, dont les glaces du Groenland = gardent la trace=20 jusqu=92en 1818.
Une seule =E9ruption ne suffit pas =E0 provoquer un changement =E0 = long terme. Mais=20 les plus grands =E9v=E9nements volcaniques de l=92histoire de la Terre = ont=20 probablement =E9t=E9 la cause d=92=E9pisodes glaciaires.
=95 Pourquoi la banquise du p=F4le nord = est-elle si=20 menac=E9e ? Alb=E9do terrestre
Pour s=92=EAtre une fois br=FBl=E9 les cuisses sur un si=E8ge de = voiture parqu=E9e au=20 soleil en =E9t=E9, chacun sait que des si=E8ges noirs absorbent bien = plus de chaleur=20 que des si=E8ges blancs. Mais savez-vous que la Terre r=E9agit de m=EAme = et que cette=20 notion qui s=92applique =E0 tout objet non lumineux, se nomme alb=E9do ? =
L=92alb=E9do d=92un miroir est de 100% car il renvoie la lumi=E8re en = totalit=E9. A=20 l=92inverse, l=92alb=E9do d=92un objet noir qui ne r=E9fl=E9chit aucune = lumi=E8re visible,=20 mais seulement de la chaleur, est de 0% .
Dans le cas de la Terre, l=92alb=E9do est tr=E8s variable. Il est de = 75 =E0 95% pour=20 la neige fra=EEche, de 40 =E0 60% pour la glace, de 30 =E0 40% pour la = mer, de 15 =E0 25=20 % pour des cultures et de 5 =E0 15% pour un sol sombre.
L=92alb=E9do terrestre joue un r=F4le primordial dans l=92=E9quilibre = du climat. La=20 variation de l=92alb=E9do est toujours la cons=E9quence d=92un = refroidissement ou d=92un=20 r=E9chauffement de la plan=E8te. Mais ce facteur vient renforcer le = d=E9r=E8glement :=20 lors d=92un refroidissement, l=92augmentation des surfaces neigeuses ou = glac=E9es=20 augmente l=92alb=E9do, et diminue la part de chaleur solaire = emmagasin=E9e par la=20 Terre. Inversement, lors d=92un r=E9chauffement, la Terre absorbe = d=92autant plus de=20 chaleur que la neige tend =E0 dispara=EEtre ! D=92o=F9 une fonte encore = accrue.
La fonte actuelle de la calotte polaire arctique pourrait ainsi = s=92emballer,=20 si une mer qui absorbe la lumi=E8re vient remplacer une banquise qui la = r=E9fl=E9chit=20 !
=95 La plan=E8te se r=E9chauffe : Le CO2 et = les gaz =E0=20 effet de serre
Depuis 150 ans, le r=E9chauffement de la plan=E8te se monte =E0 = 0.7=B0. Mais il est=20 plus marqu=E9 dans l=92h=E9misph=E8re nord et surtout aux latitudes = =E9lev=E9es. La cause de=20 ce r=E9chauffement ne fait plus de doute. C=92est l=92augmentation des = gaz =E0 effet de=20 serre, cons=E9quence du d=E9veloppement industriel :
Le m=E9thane, par exemple, qui provient des rizi=E8res, des = =E9levages ou des=20 fuites de gaz[graphe)]. Mais surtout le CO2 . Le gaz carbonique produit = par la=20 combustion des =E9nergies fossiles : les chauffages, les v=E9hicules, = les centrales=20 =E9nerg=E9tiques.
Chaque ann=E9e, 7 milliards de tonne de gaz carbonique sont = rel=E2ch=E9es dans=20 l=92atmosph=E8re. La moiti=E9 sont reprises par la v=E9g=E9tation ou les = oc=E9ans, mais=20 l=92autre moiti=E9 s=92accumule dans l=92atmosph=E8re. Le r=E9sultat est = dramatique : la=20 teneur en CO2 a augment=E9 de 30% depuis le d=E9but de la p=E9riode = industrielle.
On n=92y coupera pas : pour esp=E9rer combattre le r=E9chauffement, = il n=92y a pas=20 d=92autre solution. Il faut r=E9duire par tous les moyens les = =E9missions de gaz=20 carbonique.
=95 Le futur des glaciers ?
La glace recule partout : les glaciers et les n=E9v=E9s alpins se = r=E9duisent comme=20 peau de chagrin. Les banquises arctiques se d=E9sagr=E8gent. De nouveaux = rivages=20 naissent en Antarctique, o=F9 un radeau de glace, long comme la moiti=E9 = de la=20 Suisse, a rompu ses amarres.
Mais est-ce pour autant la fin des glaciers?
La fin de l=92humanit=E9, peut-=EAtre. Elle pourrait ne pas survivre, = ou alors en=20 bien petit nombre, dans un environnement ravag=E9 par la mont=E9e du = niveau des mers=20 et la d=E9sertification des continents.
Mais la fin des glaciations? Ce serait bien pr=E9somptueux de le = croire. Elles=20 reviendront dans quelques dizaines de milliers d=92ann=E9es, croyez-en = les=20 g=E9ologues, aussi certainement que la Terre continuera de se permettre = quelques=20 fantaisies dans sa danse autour du Soleil.
6. En guise de conclusion : optimisme ou pessimisme = ?
Je continue le combat pour la plan=E8te et pour l=92homme sans la = moindre=20 perspective de succ=E8s. Par habitude. Par devoir. Mais sans autre = esp=E9rance que=20 d=92en rire ou d=92en pleurer =96 tel le musicien du Titanic en train de = jouer Plus=20 pr=E8s de toi, mon Dieu, de l=92eau jusqu=92au genou.
Yves Paccalet L=92humanit=E9 dispara=EEtra, bon d=E9barras ! 2006
Au moment o=F9 la glace recule partout et o=F9 le r=E9chauffement du = climat est=20 devenu un sujet de pr=E9occupation mondial, faut-il penser pour autant = que les=20 glaciers vont dispara=EEtre =E0 jamais?
Certainement pas. Ce n=92est pas pour les glaciers qu=92il faut = craindre car il y=20 aura =E0 coup s=FBr de nouvelles glaciations, mais bien pour = l=92humanit=E9. Elle=20 pourrait ne pas survivre au r=E9chauffement du climat, ou alors en bien = petit=20 nombre et dans des conditions peu enviables. Un r=E9chauffement que = l=92humanit=E9=20 engendre, c=92est d=E9sormais certain, en lib=E9rant dans = l=92atmosph=E8re chaque ann=E9e=20 des milliards de tonnes de CO2.
Sommes-nous capables de mettre un terme =E0 la consommation = fr=E9n=E9tique des=20 combustibles fossiles ? Faut-il esp=E9rer une issue heureuse?
Apr=E8s plus de dix ans de tentatives peu fructueuses en Suisse et = dans=20 quelques pays d=92Europe et l=92absence de mesures concr=E8tes dans le = reste de la=20 plan=E8te, il est permis d=92=EAtre pessimiste.
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