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Médias

Une bière pour le professeur Choron
Décédé lundi, le fondateur de «Hara-Kiri» et «Charlie Hebdo» avait 75 ans.

Par Catherine MALLAVAL
lundi 10 janvier 2005 (Liberation.fr - 18:47)



cette fois, il a vraiment rompu avec tous les «cons instruits» et le «vernis des humanités» qu'il ne pouvait pas blairer. Les buveurs d'eau qui causent 70% des accidents de la route (puisque 30% sont imputables à des alcooliques: CQFD). Tous ceux qui «voudraient nous empêcher de boire, de fumer et tout le reste pour nous emmener bien proprets au cimetière». Le professeur Choron, Georges Bernier de son vrai nom, a tiré sa révérence lundi. A 75 ans, le petit homme chauve à moustache, qui aimait tant se mettre en scène dans des pastiches de romans photos, a cassé sa pipe.

Ancien engagé volontaire en Indochine, il avait fondé «Hara Kiri» avec François Cavanna en septembre 1960. Le mensuel «bête et méchant», maintes fois condamné, découvre et publie Topor, Reiser, Gebe, Wolinski ou encore Cabu. Il devient hebdomadaire en février 1969, après une période d'interdiction. Mais en 1970, il est à nouveau interdit pour avoir titré, à la mort du général de Gaulle: «Bal tragique à Colombey, un mort». Une allusion à un incendie dans un dancing qui avait fait de nombreuses victimes quelque temps auparavant, et que la presse avait qualifié de «bal tragique».

Pour continuer de paraître, «Hara Kiri» change de nom, et devient «Charlie Hebdo». Les provocations continuent de plus belle jusqu'en 1981 où la gestion «pour le moins aventureuse» de Choron, dira plus tard Cavanna, conduit le journal au dépot de bilan. Il y a quelques années, un procès, remporté par Cavanna, les avait opposés sur la propriété du titre «Hara Kiri». Les deux hommes, sans être fâchés, n'étaient plus aussi proches l'un de l'autre ces dernières années.

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