Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’alerte rouge météo avant la tempête? La question est sur toutes les lèvres.
Les instruments de mesure des météorologues permettent-ils d’anticiper ce type de phénomène?
«Nous avions averti de risques d’orages et de vents violents sur toute la Suisse», rappelle Didier Ulrich, météorologue à MétéoSuisse. «Mais nous n’imaginions pas qu’un phénomène aussi violent se produirait. On était interloqués. Cela a été si rapide que nos algorithmes qui permettent de détecter les cellules orageuses n’ont pas eu le temps d’avertir.»
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Trop rapide et soudain
La carte publiée par MeteoNews montre que la super cellule orageuse, qualifiée alors d’une intensité très forte, est apparue à Besançon à 10h30, soit 45 minutes avant de frapper la Suisse. Pourquoi cela n’a-t-il pas permis de déclencher une alarme?
«A Besançon, les vents n’étaient pas aussi violents. Il y avait de l’orage, d’où le qualificatif d’intensité très forte, mais la station météo n’a enregistré que des rafales à 18 km/heure», explique Vincent Devanthey, météorologue à MeteoNews.
«Les vents sont devenus plus intenses à Gilley, où un météorologue amateur les a enregistrés à 100 km/heure, à 11h15, soit cinq minutes avant qu’ils ne s’abattent sur La Chaux-de-Fonds à 217 km/heure selon les mesures de la station de l’aéroport des Eplatures. Cela montre comme le phénomène s’est extrêmement rapidement amplifié.»
Ces données enregistrées par les stations météo ne sont délivrées que toutes les 10 minutes. Avec une vitesse de déplacement de 85 km/heure, la tempête n’a pas permis aux météorologues de réagir.
Le temps que les données leur parviennent, les alertes ont été déclenchées au moment où la tempête arrivait au Locle. «C’était impossible à prévoir, tant au niveau de l’intensité que de la trajectoire», confie Didier Ulrich.
Pas comme les ouragans
On prévoit pourtant les ouragans, les cyclones et les typhons…
«La différence est que ces phénomènes durent plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et que l’on peut donc déterminer assez précisément leur trajectoire, d’autant plus qu’ils présentent des diamètres beaucoup plus larges, parfois de plus de 1000 kilomètres», explique Vincent Devanthey.
«Dans le cas présent, cela n’a duré que quelques minutes. Cela a été tellement soudain que lorsqu’on a compris, l’orage était déjà passé.»