Philippe Descola, né à Paris le 19 juin 1949, professeur d'anthropologie au Collège de France ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les Cours du Collège de France Les usages de la terre, Cosmopolitiques de la territorialité (suite) (6/9) Un archipel vertical, l’ayllu de Macha 19/09/2017 Qu’est-ce qu’un archipel écologique vertical? Les Incas s’en sont-ils inspirés pour administrer et contrôler des provinces éloignées de leur vaste empire? Philippe Descola nous entraîne dans les mondes andins. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Que pouvons-nous apprendre d’une forme plus contemporaine de l'archipel vertical, comme l’ayllu de Macha, dans les Andes boliviennes ? Philippe Descola, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Anthropologie de la nature, poursuit son exploration des genres de rapports à la terre que chaque type de collectifs a développés, dans le cadre du 2e cycle de sa série, intitulée « Les usages de la terre. Cosmopolitiques de la territorialité ». Il s’attache en particulier aux groupes analogistes et à partir de ce cours, ce sont les collectifs andins qui nous occupent, ces « territoires discontinus », qui jouent sur des échelle plus ou moins grandes. Quels sont alors les « principes de totalisation » qui régissent ces collectifs andins, dont le plus célèbre d’entre eux est Tawantinsuyu – le nom de l’empire inca ? Cet empire « représente une forme de royauté sacrée, souligne Philippe Descola, qui a peu d’équivalents ailleurs par l’ampleur du pouvoir politique et administratif que son souverain était parvenu à établir ». Aujourd’hui, il reprend le concept de John Murra et nous introduit à « l’archipel écologique vertical », "une façon « originale », nous dit-il, portée à un haut degré de raffinement, pour ne pas dire complexe, de distribuer l’espace à différents étages altitudinaux à partir d’un centre politique et rituel mono ethnique, les régions satellites étant généralement exploitées par plusieurs groupes ethniques". C’est ainsi que nous découvrons, comme archipel vertical, l’ayllu de Macha, décrit par Tristan Platt – l’ayllu étant pour rappel, une communauté dont les « membres, qui se réclament d'un ancêtre commun, possèdent et cultivent la terre en collectivité » (Encyc. Univ). Avant de plonger demain, dans le vaste empire inca, nous entrons dans un monde à une échelle plus modeste, avec cet archipel de 2000 km2. Et Philippe Descola peut analyser à partir de ce cours, « comment un collectif analogiste – typiquement un assemblage sociocosmique clos et autoréférentiel – parvient à intégrer des marches lointaines peuplées par des membres d’autres collectifs ? ». Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 8 mars 2017, pour le Cours de Philippe Descola, « Les usages de la terre. Cosmopolitiques de la territorialité » aujourd’hui, « Un archipel vertical, l’ayllu de Macha» ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Bibliographie La composition des mondes Philippe Descola Flammarion, 2014 https://www.franceculture.fr/oeuvre-la-composition-des-mondes-de-philippe-descola Philippe Descola est l'anthropologue français aujourd'hui le plus étudié et le plus commenté dans le monde. Il revient dans ces entretiens sur sa trajectoire intellectuelle, qui l'a mené des bancs de l'École normale supérieure au Collège de France en passant par les forêts amazoniennes. Il décrit son expérience du terrain dans les années 1970 et 1980, aux côtés des Indiens Jivaros de Haute-Amazonie ; il développe ensuite les enjeux principaux de sa pensée : L'héritage du structuralisme, mais surtout la genèse et l'ambition de son maître-livre Par-delà nature et culture (2005), qui montre comment se composent les sociétés humaines dans leurs relations aux non-humains. Il n'hésite pas enfin à s'engager sur des questions plus controversées, comme celle de l'environnement et du droit des sociétés indigènes. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Bibliographie : Par-delà nature et culture Philippe Descola Foilio, 2015 https://www.franceculture.fr/oeuvre/par-dela-nature-et-culture Seul l’Occident moderne s’est attaché à bâtir l’opposition, donc la discontinuité supposée, entre la nature et la culture. L’anthropologie perpétue dans la définition même de son objet – la diversité culturelle sur fond d’universalité naturelle – une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l’économie. Philippe Descola, professeur au Collège de France, propose ici, à partir de traits communs qui se répondent d’un continent à l’autre, une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l’homme et son environnement : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains ; l’analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l’animisme, qui prête aux non-humains l’intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l’aptitude culturelle. Chaque mode d’identification autorise des configurations singulières qui redistribuent les existants dans des collectifs aux frontières bien différentes de celles que les sciences humaines nous ont rendues familières. C’est à une recomposition radicale de ces sciences que ce livre invite. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.franceculture.fr/direct Diffusé le mardi 19 septembre 2017 à 05h00 du matin Durée : 59 minutes https://www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france/les-usages-de-la-terre-cosmopolitiques-de-la-10 https://www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france/les-usages-de-la-terre-cosmopolitiques-de-la-territorialite-suite-69-un-archipel-vertical-layllu-de (jdgh, 19.09.2017) ___________________________________________________________________________________________________________________________________ http://www.ordiecole.com/anthropologie/descola.txt